LE ZELE D’EUGENE DEPASSE LARGEMENT SON BON JUGEMENT

Eugène est loin de Marseille, mais il s’efforce de prodiguer tout le soutien et le conseil possibles à son oncle évêque dans la guerre menée par celui-ci contre les lois qui veulent restreindre l’influence de l’Eglise sur l’enseignement religieux.

Mais je voudrais être à Marseille pour tout combiner avec l’Évêque et vous; j’y voudrais être aussi pour surveiller les dangers que vous me signalez

Lettre à Henri Tempier, 24 juin 1828, EO VII n 304

L’évêque Fortuné écrivit de nombreuses lettres aux évêques de France pour les inciter à agir de façon collégiale. L’influence d’Eugène est reconnaissable dans nombre d’entre elles. Leflon explique:

“Les lettres de l’évêque elles-mêmes, rédigées en collaboration, trahissent sous son unique signature des mains autres que la sienna… On ne distingue pas moins en gros, tantôt la frappe plus concise et plus nette de l’oncle, tantôt le style du neveu, plus diffus, plus chargé de subordonnées, plus irrégulier. » (Leflon 2, p 321)

Cherchant à minimiser l’opposition de l’évêque Fortuné, le préfet met en cause l’influence d’Eugène et de Tempier :

“ Le préfet des Bouches-du-Rhône ne cesse en effet de signaler, de déplorer la raideur provocante de Mgr Fortuné. Chaque fois cependant, il ne manque pas d’excuser « ce prélat octogé  naire, naturellement bon et d’un caractère paisible », en impu  tant ses « mesures extrêmes » aux jeunes prêtres de son entou  rage, « qui ont plus de zèle que de jugement », et surtout à son neveu, qui le dirige (4). Villeneuve-Bargemon ne se trom  pait nullement, lorsqu’il attribuait au P. de Mazenod une influence prépondérante sur l’esprit du vieil évêque; mais, au lieu d’adopter sans réserve l’opinion commune, qui accusait le vicaire général de régenter entièrement son oncle, faible et dépourvu de personnalité, il aurait dû, et tout spécialement en cette affaire, apporter un minimum de discrimination. C’eût été justice, en même temps que sagesse. (Leflon 2 p 320)

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1 réponse à LE ZELE D’EUGENE DEPASSE LARGEMENT SON BON JUGEMENT

  1. Denyse Mostert dit :

    L’oncle Fortuné de Mazenod et son neveu vont bien sûr lutter de toutes leurs forces contre le groupe des Libéraux. Déplorant les obligations qui le tiennent loin de Marseille, Eugène écrit au P. Henri Tempier, le confident de toujours. « Mais je voudrais être à Marseille pour tout combiner avec l’Évêque et vous; j’y voudrais être aussi pour surveiller les dangers que vous me signalez. » Lettre à Henri Tempier, 24 juin 1828 »

    Le « lion impuissant » qui rugit en lui trouvera d’ailleurs le moyen de faire sa part contre la nouvelle menace. De son côté, Mgr de Mazenod entretient une correspondance assidue avec les évêques de Marseille. Le biographe Jean Leflon y décèlera les signes de la collaboration du neveu. « On y distingue, conclura-t-il, (…) tantôt la frappe plus concise et plus nette de l’oncle, tantôt le style du neveu, plus diffus, plus chargé de subordonnées, plus irrégulier.” Tous n’en seront pas abusés. Tel le préfet des Bouches-du-Rhône étonné par la raideur de certains passages. Chaque fois cependant, il ne manque pas d’excuser « ce prélat octogénaire, naturellement bon et d’un caractère paisible », en imputant ses « mesures extrêmes» aux jeunes prêtres de son entourage qui ont plus de zèle que de jugement. »

    Force est de reconnaître que Villeneuve-Bargemon ne se trompait pas. Lui fallait-il pour autant se rallier à l’opinion publique accusant le vicaire général de régenter entièrement son oncle vieillissant ? Les faits étaient là, l’opinion du préfet univoque. Fort de ses constatations, pouvait-il agir autrement ? N’aurait-il pu apporter un peu plus de délicatesse dans le jugement de celui qu’il qualifie de « vieil évêque » ? « C’eût été justice, en même temps que sagesse. » constate Jean Leflon.

    À notre tour d’avoir un peu de cette discrimination qui a manqué au préfet. Sans approuver sa conduite, on peut lui trouver des circonstances atténuantes. Une réputation à conserver, une famille à nourrir et quoi encore qui peut entrer en ligne de compte en ces temps de difficiles… Une attitude non conforme à l’Évangile bien sûr.

    Sans toutefois tomber dans le laxisme, ne nous arrive-t-il pas de nous trouver face à des dilemmes qu’il nous faudra peut-être adopter à nos propres dépens ? Seule une foi solide pourra éclairer nos choix…

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