MODÉREZ LA SÉVÉRITÉ DES OPINIONS QUE VOUS AVEZ LÉGÈREMENT ADOPTÉ

L’étude était l’une des manières dont les Oblats se préparaient à l’évangélisation. Eugène a été consulté par l’un des séminaristes au sujet de l’usage d’un livre de la théologie morale. C’était un livre écrit par un théologien, Concina, qui était connu pour la rigidité et sévérité de ses vues. St Eugène avait accepté mais après une certaine réflexion, il s’est rendu compte de l’effet de ce livre sur le frère scolastique Pons qui avait l’habitude d’adopter des positions trop rigides. Et il lui a immédiatement écrit d’arrêter d’utiliser le livre en question et de se référer à la Théologie Morale d’Alphonse Liguori qui est basée sur l’amour rédempteur de Dieu.

J’ai eu tort, mon cher f. Pons, de tolérer que vous vous nourrissiez de Concina, étant, comme vous l’êtes, enclin à embrasser les opinions outrées en rigidité. Concina ne sera jamais l’auteur de notre Congrégation. L’uniformité de doctrine qui nous est prescrite nous la puisons dans des auteurs plus sûrs, nous nous plaisons surtout à la rechercher dans ceux que l’Église a reconnus être parvenus au ciel par un enseignement tout contraire à celui pour lequel vous auriez du penchant. Liguori, le bienheureux Liguori, qui va être canonisé, est adopté chez nous comme le docteur dont on doit se rapprocher davantage. Les Jésuites et quelques autres Congrégations sont encore plus exclusifs que nous; je me contente pour le moment de me servir du terme que j’ai employé; ainsi, mon cher f. Pons, laissez reposer Concina dans les tablettes de la bibliothèque, et prenez Liguori pour tempérer la sévérité des opinions que vous avez trop légèrement adoptées. Vous vous consolerez de cette séparation par la pensée que vous marcherez dans la bonne voie, en suivant la trace des saints. Je comptais vous dire tout ceci de vive voix; mais ma conscience me presse de ne pas le renvoyer au lendemain, étant en défaut, à cause de ma condescendance peu réfléchie.
Adieu, cher fils, je vous bénis.

La lettre à Alexandre Pons, 28 Janvier  1830, EO VIII n 342

« Pour mettre en pratique les enseignements de notre foi, il ne suffit pas de nous convaincre qu’ils sont vrais ; nous devons plutôt l’aimer. L’amour unit à la foi et nous permet de pratiquer notre religion. » Alphonse Liguori

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1 réponse à MODÉREZ LA SÉVÉRITÉ DES OPINIONS QUE VOUS AVEZ LÉGÈREMENT ADOPTÉ

  1. Denyse Mostert dit :

    Daniello Concina (1687-1756), est un prédicateur et auteur italien reconnu pour son rigorisme. Eugène de Mazenod a permis à l’un de ses novices de se nourrir à l’un des nombreux ouvrages du dominicain. Ce qu’il ne va pas tarder à regretter comme en fait foi sa lettre du 28 janvier 1830 au f. Pons. Il n’y va pas par quatre chemins. « J’ai eu tort, mon cher f. Pons, de tolérer que vous vous nourrissiez de Concina… » Et de faire mention du penchant de l’auteur autant que du lecteur pour une certaine rigidité. Fin du mea culpa.

    Quelle différence en effet entre les principes sévères de Concina et la spiritualité oblate, les uns imbus d’observance rigoureuse, l’autre tournée vers la miséricorde divine ! Une seule solution pour le fr. Pons : laisser « reposer Concina dans les tablettes de la bibliothèque ». « Prenez Liguori pour tempérer la sévérité des opinions que vous avez trop légèrement adoptées», recommande encore le supérieur.

    Qui est Alphonse de Liguori ? Un avocat au raisonnement similaire à celui du fondateur : « Les banquets, les divertissements, le théâtre, a-t-il écrit plus tard, ce sont les plaisirs du monde, mais des plaisirs amers comme la bile et pointus comme des épines. Croyez-moi : je les ai éprouvés et j’en pleure maintenant. » Son parcours rencontrera, comme celui du P. de Mazenod, bien des embûches. Alphonse de Liguori sera lui aussi missionnaire, fondateur de la Congrégation du Sacré-Cœur et accèdera à l’épiscopat.

    La lettre du 28 janvier va apaiser la conscience du P. de Mazenod. Elle lui aura permis de rappeler le charisme de miséricorde de la Congrégation et donné au fr. Pons la possibilité de découvrir les pensées de saint Alphonse de Liguori.

    « C’est la miséricorde que je veux, et non les sacrifices » (Mt 9,13) Je viens de relire le
    « Message du Pape François pour le Carême 2016″. (*) Le temps passé depuis n’en a aucunement diminué la force.. (*)

    (*) http://www.eglise.catholique.fr/vatican/messages-du-saint-pere/415230-message-du-pape-francois-pour-le-careme-en-2016/

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