JE SERAI PLUS DISPOSÉ À CROIRE QUE LES ÂNES PARLENT

Henri Tempier, à Marseille, était inquiet au sujet de la maladie d’Eugène et il insista pour qu’il consulte des médecins. Eugène obéit et commenta avec humour :

…Venons-en à moi, puisqu’il faut en parler. La journée d’hier n’a pas été entièrement bonne; je me sauvai pourtant quand je vis arriver les docteurs; je n’échappai pas, néanmoins, à leurs charitables poursuites…

Voyant encore le bon coté des choses, il raconte que quelqu’un l’avait franchement irrité au cours d’une conversation, sur laquelle il donne son opinion :

…  La journée a été assez bonne pour moi, à part une conversation un peu vive qui m’a agité et fait prendre la résolution de laisser aller, s’il m’est possible, le monde comme il veut, me soutint-on que les bœufs volent, quoique je fusse plus disposé à croire que les ânes parlent.

Lettre à Henri Tempier, 16 mai 1829, EO VII n 331

Laissant de coté cet optimisme, ce fut la dernière lettre qu’il put écrire avant plusieurs mois, sa maladie prenant le dessus.

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1 réponse à JE SERAI PLUS DISPOSÉ À CROIRE QUE LES ÂNES PARLENT

  1. Denyse Mostert dit :

    Les confidences du fondateur ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd ni de quelqu’un qui se serait contenté des paroles encourageantes qu’on dit parfois dans de telles circonstances.

    Eugène va de mal en pis. Fort de leur grande amitié et de leur vœu d’obéissance mutuelle, Henri Tempier,n’y va pas par quatre chemins. : la consultation d’un médecin est incontournable. Ceci n’a pas l’heur de plaire au malade. Mais l’obéissance et un état de plus en plus déplorable auront le dernier mot.
    Eugène obtempère sans le moindre enthousiasme.

    C’est pourtant avec humour qu’il raconte sa première rencontre avec les disciples d’Esculape : « Je me sauvai pourtant quand je vis arriver les docteurs; je n’échappai pas, néanmoins, à leurs charitables poursuites… » Les médecins prescriront médication et repos indispensable.…

    Le patient va-t-il suivre ces conseils à la lettre ? Peut-être pas. En tout cas pas dans les débuts ! Il reconnaît une journée assez bonne « à part une conversation un peu vive qui m’a agité… » Agitation assez vive pour lui faire prendre une résolution dont il doute fort de sa capacité à la tenir. On sait qu’Eugène de Mazenod n’est pas l’homme à « laisser aller le monde comme il veut » surtout s’il ne voit là-dedans aucun bon sens, «me soutint-on que les bœufs volent, quoique je fusse plus disposé à croire que les ânes parlent … », écrit-il avec assurance et un brin de malice.

    La lettre du 16 mai 1829 à Henri Tempier, sera la dernière avant des mois alors que la maladie prendra le dessus.

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