NE PENSEZ PAS QUE VOUS PERDEZ VOTRE TEMPS PENDANT QUE VOUS PRENEZ DU REPOS

Une invitation à la réflexion : suis-je en train de me tuer à servir les autres ? Quand et comment dois-je faire une pause pour régénérer ma vie ?

Les talents et le zèle de Marius Suzanne l’ont conduit à ignorer les signes de la maladie et il mourrait maintenant de tuberculose. Eugène, veillant à son chevet, se préoccupait des autres missionnaires Oblats qui eux aussi négligeaient leur santé, sans prendre de repos, pour l’accomplissement de leur ministère :

Je ne cesserai de vous recommander de ménager vos forces. Ne vous permettez jamais d’excès. La pensée n’en vient pas de Dieu. Il faut bien dans l’exercice du zèle discerner ce qui vient de Dieu. Retenez le P. Honorât qui est sujet à caution et qui se ressent ordinairement de ses imprudences, parce qu’il a moins de force que de volonté. En tout, que l’on ne se surcharge pas de travail et que l’on ne croie pas perdre son temps lorsque l’on se repose.

 Lettre à la communauté Oblate de Nîmes, le 1er Décembre 1828, EO VII n 317

Ici encore, assis au chevet de Marius Suzanne:

En attendant, je vous recommande la plus grande modération dans les missions pour ne pas vous fatiguer; le spectacle que j’ai sous les yeux, et qui me déchire à chaque instant du jour, d’une manière si cruelle, m’autorise à insister auprès de vous, pour que vous regardiez la moindre imprudence comme un crime.

 Lettre à Jean Baptiste Honorat, le 16 Janvier 1829, EO VII n 322

 «L’arc ne peut pas toujours rester tendu, pas plus que la fragilité humaine ne peut subsister sans un repos mérité.»  Miguel de Cervantès

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1 réponse à NE PENSEZ PAS QUE VOUS PERDEZ VOTRE TEMPS PENDANT QUE VOUS PRENEZ DU REPOS

  1. Denyse Mostert dit :

    On peut à juste titre rester ébahi devant les responsabilités auxquelles Eugène de Mazenod a dû faire face. Un homme-orchestre ce fondateur devenu vicaire général de son oncle Mgr Fortuné de Mazenod et ensuite évêque de Marseille ! En même temps que Supérieur d’une communauté missionnaire qui va un jour essaimer aux quatre coins du monde ! Un homme à l’œil ouvert sur tout ce qui se passe dans les missions étrangères qu’il dirige fermement par ses écrits à partir l’évêché de Marseille. Une tâche surhumaine dont on aurait pu craindre qu’elle ne transforme Eugène en robot de travail … Des difficultés sans nombre aux effets néfastes sur son état de santé. Tableau pour le moins essoufflant dont on se demande comment le fondateur trouvait encore le temps de s’intéresser personnellement au sort de chacun de ses religieux.

    C’est pourtant la réalité. Eugène connaissait et aimait chacune de ses « brebis ». S’il savait donner des directives parfois drastiques, on pouvait toujours compter sur son cœur de père. Rien n’était insignifiant de ce qui pouvait affecter ses fils.
    Il s’intéressait magistralement sur la santé de ses missionnaires. Il savait trouver les mots qui touchent. Aux Oblats de Nîmes, il écrit : « Ne vous permettez jamais d’excès. La pensée n’en vient pas de Dieu. Il faut bien dans l’exercice du zèle discerner ce qui vient de Dieu. » Il ne craint pas de leur signaler le P. Honorat d’après lui « sujet à caution et qui se ressent ordinairement de ses imprudences, parce qu’il a moins de force que de volonté. » Chez Eugène la volonté de contrôler tout excès de travail devient vertu.

    Au P. Honorat, il exprime sans ambages sa façon de penser : « Le spectacle que j’ai sous les yeux, et qui me déchire à chaque instant du jour, d’une manière si cruelle m’autorise à insister auprès de vous, pour que vous regardiez la moindre imprudence comme un crime. »

    « Les conseilleurs ne sont pas les payeurs » entend-on parfois. Effectivement Eugène n’a pas toujours appliqué pour lui ces bons principes. Sa santé en a souffert à plusieurs reprises. Qu’on se souvienne du typhus contracté dans les prisons d’Aix-en-Provence, de l’inlassable dévouement dans les missions en régions provençales éloignées et de cette maladie pour laquelle le dévoué Henry Tempier a, au nom du vœu d’obéissance mutuelle de 1816, contraint son ami et supérieur à prendre en 1830 le repos absolu qui allait le remettre d’aplomb.

    Comment ne pas penser à l’époque de fébrilité dans laquelle nous vivons ? Beaucoup ont comme programme le fameux boulot/dodo- auquel s’ajoutent des activités de toutes sortes. Pourquoi ne pas faire le point et discerner ce qui peut conduire à l’épanouissement de chacun et ce qui risque de lui nuire.

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