JE LE RÉGALE À CHAQUE FOIS QUE JE LE RENCONTRE AVEC QUELQUES HISTOIRES DE MORT SOUDAINE

La Poire, surnom du marquis Boniface de Périer, était un ami d’enfance du père d’Eugène. Dans cet extrait d’une lettre d’Eugène à son père, on a un aperçu du sens de l’humour d’Eugène. Je peux l’imaginer souriant quand il décrit  ses tentatives de convertir La Poire – mais le « terrorisant » en sachant très bien ce qu’il faisait.

…Ce que vous dites de La Poire  est très juste. Aussi ce n’est pas à titre de tendresse que je vous avais demandé une lettre pour lui, mais à cause de votre situation d’affaires avec lui. Ce que vous me marquez pour lui est suffisant; je le lui communiquerai. Il est reconnu pour être souverainement égoïste; je le plains, et d’autant plus qu’il pense peu à son salut. J’en suis d’autant plus peiné qu’il sera vraisemblablement surpris par la mort, dont il a une peur effroyable et en même temps très risible. Je le vois rarement parce que j’ai trop d’affaires pour le voir souvent. Mais, pour le bien de son âme, je le régale, chaque fois que je le rencontre, de l’histoire de quelque mort subite; c’est dans le dessein de le déterminer à retourner sincèrement à Dieu, qui finira par se lasser de ses résistances.

Lettre à  Charles Antoine de Mazenod, le 15 septembre 1815, E.O. XV n. 134

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1 réponse à JE LE RÉGALE À CHAQUE FOIS QUE JE LE RENCONTRE AVEC QUELQUES HISTOIRES DE MORT SOUDAINE

  1. Denyse Mostert dit :

    Anecdote délicieuse qui nous fait faire quelques pas de plus dans notre connaissance d’Eugène de Mazenod.

    Posons les jalons. Charles Antoine de Mazenod et le Marquis Boniface de Périer se connaissent depuis l’enfance. Peut-on dire d’eux qu’ils sont amis ? Difficile. Tout ce qu’on sait c’est qu’ils entretiennent des relations dans lesquelles Eugène se doit d’intervenir. Toujours semblable à lui-même, il explique à son père, « ce n’est pas à titre de tendresse que je vous avais demandé une lettre pour lui, mais à cause de votre situation d’affaires avec lui » en ayant soin d’ajouter « ce que vous me marquez pour lui est suffisant; je le lui communiquerai. »

    Et voici un fils, sollicité de partout, et qui pourtant prend le temps d’apporter attention et soutien à un père peut-être en difficulté.

    Avant d’aborder le point suivant, je suis allée contempler les portraits d’Eugène de Mazenod aux différentes époques de sa vie. Infiniment loin de nos photos instantanées, ces peintures se doivent de montrer leur modèle dans une attitude de grande dignité. D’où le sérieux du visage de notre Fondateur qui ne se dément pas d’époque en époque.

    Pourtant, il ne m’a pas été difficile ‘’d’animer’’ un de ces portraits pour faire surgir dans les yeux du prêtre soucieux du salut des âmes, le trait d’esprit du méridional audacieux, entreprenant et au langage d’une grande spontanéité.

    À La Poire, qui fait montre d’ « une peur effroyable et en même temps très risible » de la mort, il va appliquer un traitement qui dénote un humour certain. « Mais, pour le bien de son âme, écrit-il, je le régale, chaque fois que je le rencontre, de l’histoire de quelque mort subite… ». La suite ne nous dit pas si la terreur a eu raison des résistances du pauvre Marquis…

    Entre autres leçons, j’ai gardé de mon enfance une maxime qui continue à m’inspirer. ‘’Un saint triste est un triste saint’’ nous disait-on lorsqu’il nous arrivait d’arborer des ‘’faces de carême’’ d’où toute facétie semblait bannie.

    Quel plaisir de laisser libre cours aux bons mots générateurs de bienfaits insoupçonnés ! Oui, un humour de bon aloi est comme un souffle d’air rafraîchissant. Il peut détendre bien des situations, renforcer des sentiments de complicité et même, comme nous le démontre Eugène, servir à la gloire de Dieu.

    Tout en prenant garde qu’il ne devienne jamais une ironie qui pourrait blesser quelqu’un.

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