SI TU PARLES À QUELQU’UN DANS SA LANGUE, CELA LUI REMONTE AU CŒUR

L’année vécue à Naples allaient être une expérience de pauvreté, de solitude et d’ennui pour Eugène.

Etait-ce ma faute? Je ne le crois pas. J’appris l’allemand pendant trois mois. J’avais fait en si peu de temps de si grands progrès dans cette langue difficile, que mon maître me donnait l’espérance de la savoir bientôt; mais il tomba malade, et il mourut, et avec lui ma science s’en fut. C’était un sous-officier au service du roi de Naples; il se contentait sans doute de peu. La misère de l’émigration empêcha mon père de me donner un autre maître; il fallut prendre patience. J’ai regretté toute ma vie qu’on n’ait pas pu seconder la facilité que j’avais alors pour apprendre les langues et les bien prononcer. J’aurais fait quelque bien de plus dans mon ministère.

Journal de l’Exil en Italie , EO XVI

Il avait appris l’italien à l’âge de 7 ans à Nice, comme son journal le rappelle:

Que fit Eugène? Il appelait à l’aide tous les passants. Sa famille vivait dans la maison Sauvigne qui donne sur la berge, une promenade publique le long de la mer. Eugène faisait son travail sur la plage et aussitôt qu’il bloquait sur le sens d’un mot italien, il arrêtait le premier piéton de venir l’aider, et ce dernier était toujours très heureux de le lui expliquer.

Journal de l’Exil en Italie , EO XVI

Il avait toujours compris l’importance d’apprendre les langues, et il poussera les Oblats à maîtriser les langages des gens auxquels s’adressait leur ministère. Une autre brique dans l’édifice d’Eugène et dans (notre) spiritualité missionnaire.

Mon projet était d’employer le temps de ces vacances à apprendre l’anglais et l’espagnol, dans l’idée que ces deux langues pourraient être utiles à mon ministère futur; mais il paraît que ce projet ne pourra pas réussir. Je n’aurai, au reste, qu’à regretter la première de ces langues, car je crois pouvoir apprendre l’autre très aisément, quand je voudrai un peu m’en occuper, à cause des grands rapports qu’elle a avec l’italien.

Notes de retraite, août 1812, EO XV n 106

Il y a plus dans la communication que dans les mots : comment je communique ma spiritualité à ceux qui m’entourent ?

FRENCH

“Si vous parlez à un homme dans un langage qu’il comprend, cela lui monte à la tête. Si vous lui parlez dans son langage, cela lui va au cœur.”   Nelson Mandela

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1 réponse à SI TU PARLES À QUELQU’UN DANS SA LANGUE, CELA LUI REMONTE AU CŒUR

  1. Denyse Mostert dit :

    Vraiment, Eugène avait le goût d’apprendre ! Comme le jeune émigré aurait été heureux de posséder Internet, traducteurs et cours de toutes sortes à sa portée !

    Dans son Journal de l’Exil en Italie, on peut lire : « … aussitôt qu’il bloquait sur le sens d’un mot italien, il arrêtait le premier piéton de venir l’aider, et ce dernier était toujours très heureux de le lui expliquer. » Et aussi : «. J’appris l’allemand pendant trois mois. J’avais fait en si peu de temps de si grands progrès dans cette langue difficile, que mon maître me donnait l’espérance de la savoir bientôt… » Mais le maître décède et l’élève est forcer d’en rester là !

    Dans ses notes de retraite de 1812, des regrets… : «… Mon projet était d’employer le temps de ces vacances à apprendre l’anglais et l’espagnol, dans l’idée que ces deux langues pourraient être utiles à mon ministère futur; mais il paraît que ce projet ne pourra pas réussir. » Eugène a regretté toute sa vie de n’avoir pu maîtriser différents langages. « J’aurais fait quelque bien de plus dans mon ministère. » ne peut-il s’empêcher de remarquer.

    Un homme de cette trempe ne pouvait se contenter de regretter. Qu’on se souvienne de l’initiative hardie et d’abord montrée du doigt des sermons en provençal. Qu’on se rende compte combien les relations avec les gens des villages éloignés en ont été facilitées. Combien ces missions qui n’auraient pu atteindre les pauvres qu’en surface ont pu rejoindre les cœurs.

    Aucune illusion à se faire. La Tour de Babel existe toujours. Nous pouvons parler le même langage et laisser de marbre nos interlocuteurs. Le purisme d’une langue, tout agréable qu’il soit, a besoin d’un cœur à l’écoute et d’une grande authenticité pour toucher vraiment ceux à qui nous nous adressons.

    « La vérité vous rendra libre » a dit Jésus. (Jean 8.32) Tout est là, vérité dans nos raisons, dans notre attitude et dans notre manière de nous exprimer de manière à être bien compris.

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