IL PENSE FAIRE DU BIEN ET NE SAIT PAS MIEUX FAIRE

Jean-Joseph Touche, âgé de 31 ans, était déjà prêtre quand il se joignit aux Oblats. L’un des historiens du Laus nous dit que le Père Touche avait « le sens du non-conventionnel qui était plus ou moins insouciant et son zèle, qui était grand, manquait parfois de prudence. Ce qui a produit quelquefois certains incidents désagréables » (G. Simonin, « Chronique de Notre-Dame du Laus », Missions OMI 1897, p. 199). Ce caractère coloré fut la source de plus d’une vexation pour Eugène.

Il serait inutile de faire le moindre reproche au bon père T[ouche]; il croit bien faire et ne sait pas faire mieux.

Lettre à Pierre Mie, 22 août 1825, EO VI n. 196

 Écrivant lui-même à Touche, l’on sent chez Eugène une certaine frustration à essayer de venir à bout de son approche « non conventionnelle » :

Je suis vraiment affligé, mon très cher p. Touche, que vous interprétiez si mal ce que je crois devoir dire en mon âme et conscience pour le plus grand bien de la Société en général et des individus en particulier.
Toutes les fois que j’ai été dans le cas de vous faire quelques observations, vous en avez été troublé; cependant, je pourrais vous citer vingt lettres de vous où vous me suppliiez de vous dire toujours franchement ma façon de penser sans craindre de vous déplaire, vous me le demandiez comme une marque d’amitié, comme une preuve que j’apprécierais votre personne, etc. Comment dois-je donc faire?
D’un côté, le devoir auquel je suis encouragé par vos propres paroles; de l’autre, la crainte de vous déplaire et de troubler votre âme. Sainte simplicité, soyez toujours notre partage

Lettre à Jean-Joseph Touche, 11 septembre 1825, EO VI n. 197

 

« Un chef est un négociant d’espoir. »     Napoléon Bonaparte

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1 réponse à IL PENSE FAIRE DU BIEN ET NE SAIT PAS MIEUX FAIRE

  1. Denyse Mostert dit :

    1825.
    Jean-Joseph Touche, est économe à Notre-Dame-du-Laus. Il est un sujet difficile à qui pourtant on fait confiance malgré des défauts qui apparaissent de plus en plus. » (*) Le résultat est loin d’être probant. Le Fondateur se voit dans l’obligation de faire les remarques qui s’imposent.

    Mais voilà. Notre religieux prend mal, très mal le moindre reproche. Eugène tente de lui rafraîchir la mémoire. « Je pourrais, rappelle-t-il au récalcitrant, vous citer vingt lettres de vous où vous me suppliiez de vous dire toujours franchement ma façon de penser sans craindre de vous déplaire… »

    Véritablement pris entre le marteau et l’enclume, le Fondateur fait face à un dilemme. D’un côté son devoir, de l’autre la crainte de déplaire et de troubler par ses remarques. Sa décision ne fait aucun doute.

    On en connait tous, et peut-être en sommes-nous quelquefois, de ces personnes soi-disant ouvertes aux observations. Hélas, il y a loin de la coupe aux lèvres ! Quand vient le temps des remarques, l’humilité le cède alors à une frustration qui amène à minimiser l’impact des faits imputés.

    Il faut alors recourir à la prière. Pour demander comme le Fondateur la « sainte simplicité » et la charité de considérer l’autre avec l’indulgence dont il fait montre au sujet du P. Touche: « … Il croit bien faire et ne sait pas faire mieux. »

    (*)http://www.omiworld.org/dictionary.asp?v=6&vol=1&let=T&ID=492

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