La rencontre de Marie avec le plan d’amour de Dieu pour elle avait changé sa vie – tout comme l’avait fait la rencontre d’Eugène avec l’amour de Dieu. L’Évangile de Luc raconte la réponse de Marie aux actes et aux paroles de son fils : « Sa mère retenait tous ces événements dans son cœur. » Luc 2 :51.
Pareillement, Eugène a donné du prix aux « vertus et aux exemples de Jésus Christ » et il les a estimés dans son cœur, et de cette façon sa « vision intérieure » serait une source de sens et de transformation pour lui-même et pour les autres.
On fera pareillement, dans la journée … la visite … à la sainte Vierge, à laquelle ils feront tous profession d’avoir une dévotion spéciale et une grande tendresse.
Règle de 1818, Deuxième partie, Chapitre premier § 5 De la prière et des exercices de piété
Aujourd’hui, Marie continue d’être ce modèle missionnaire:
Ils la regarderont toujours comme leur Mère. C’est dans une grande intimité avec elle, Mère de miséricorde, qu’ils vivront leurs souffrances et leurs joies de missionnaires.
CC&RR, Constitution 10
Caryll Houselander a saisi cet esprit lorsqu’elle réfère à Marie comme étant la « anche de Dieu » par le biais de laquelle la musique de l’Incarnation a pris chair. Elle écrivait :
« C’est le vide, tout comme la cavité dans le roseau…qui ne peut avoir qu’une fonction : recevoir le souffle du joueur de fifre et murmurer ainsi le chant qui est dans son cœur. »
La Mère de Jésus occupe une large part dans le cœur d’Eugène de Mazenod. Toutes proportions gardées, la réponse de ce dernier à l’appel du Vendredi Saint 1807 a été aussi définitive que le oui de Marie à l’Annonciation.
À son exemple, Eugène veut traduire dans sa propre vie toutes ces choses qu’elle
« retenait dans son cœur ». (Luc 2 :51) « Me sera-t-il refusé d ’imiter [Jésus Christ] dans son dévouement pour la gloire de son Père et le salut des hommes? » s’exclame-t-il lors d’une conférence spirituelle? » (*)
Assurément la Mère n’est-elle pas le chemin sûr qui conduit au Fils ? Par après, Les Missionnaires de Provence s’appelleront d’ailleurs « Oblats de Marie Immaculée ». Un nom, écrit Eugène, qui sera pour eux « un brevet pour le ciel ». (**) Et c’est « …dans une grande intimité avec elle, Mère de miséricorde, qu’ils vivront leurs souffrances et leurs joies de missionnaires ».
Impossible d’imaginer une dévotion toute en mièvrerie pour ces hommes lancés en plein cœur de la détresse humaine !
Pour eux comme pour nous, Marie demeure la jeune fille consentante à un futur hors norme, la mère qui va vivre avec son Fils la périlleuse aventure du Royaume, la femme déchirée devant le Juste condamné… C’est la femme debout dans sa foi.
Marie, dont Eugène écrira : « Avec Marie au pied de la croix, répétons sans cesse cette parole propre à calmer toutes nos douleurs : ‘Que ta volonté soit faite’ » (***)
(*) Conférence spirituelle, le 19 mars 1809, E.O. XIV n.48
(**)Prier 15 jours avec Eugène de Mazenod / Bernard Dullier / p. 116
(***) Prier 15 jours avec Eugène de Mazenod / Bernard Dullier / p. 115