Si nous sommes tentés de croire que la Congrégation des Jeunes était constituée de jeunes gens fades, qui se prenaient pour des petits saints, la section de la Règle concernant les jeux dissipera ce sentiment. Eugène enseignait aux jeunes que jouer correctement, c’était prier correctement et que Dieu était aussi atteignable dans la cour de récréation que dans la chapelle.
Article premier. Les jeux et divertissements d’une honnête récréation sont regardés comme une des bases de la Congrégation. On prétend dans la Congrégation aller par cette voie aussi directement à Dieu que par la prière. On les regarde comme étant dans l’ordre de la Providence des moyens de salut très efficaces quand on s’y livre avec modération, et selon les desseins du Seigneur qui veut faire coopérer tout ce qui est honnête et conforme au bon ordre, à la sanctification de ses élus. « Dieu collabore en tout pour leur bien » [ed. Rom 8, 28].
Statuts, Chapitre IX – Des jeux et divertissements
Il est incontestable et je dirais même un peu étonnant, qu’Eugène de Mazenod, né dans un milieu privilégié, fils unique et privé de compagnons de son âge pendant les années d’errance, comprenne aussi bien l’adolescence que vivent les jeunes gens de la Congrégation. Il est un fait que rien n’est négligé de ce qui peut contribuer à leur développement harmonieux.
Bien sûr, faire « connaître et aimer Jésus Christ » est le but premier des Missionnaires de Provence. Mais si le « Priez sans cesse» de Paul garde tout son sens (1 Thes 5 :16-24), Eugène et ses compagnons restent convaincus avec l’apôtre que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu… » (Rom 8:28) et que la prière ne se limite pas aux seuls instants consacrés à la dévotion
« Les jeux et divertissements d’une honnête récréation » sont considérés comme allant de soi à la Congrégation de la Jeunesse. Ils peuvent devenir « des moyens de salut très efficaces quand on s’y livre avec modération, et selon les desseins du Seigneur… ». Formateurs donc les moments de détente et les jeux où chacun y va de son effort personnel et de son respect des règlements pour faire remporter à son équipe une victoire à partager !
N’est-il pas bon pour nous également de redécouvrir à travers nos moments de détente la merveilleuse facette parfois oubliée de l’intégralité de l’amour de notre Dieu qui nous aime corps et âme?
Et n’est-ce pas vitalisant de savoir que toutes les actions de nos journées, même celles qui nous paraissent les plus anodines, peuvent devenir instruments de communion à Jésus Christ et aux autres.