MON INTENTION N’EST JAMAIS, DE FÂCHER, MÊME LORSQU’IL M’ARRIVE DE PARLER UN PEU SÉVÈREMENT

D’abord il faut établir que vous ne vous inquiéterez pas, que vous ne vous fâcherez jamais des observations que je pourrai être quelquefois dans le cas de faire. Sachez bien que mon intention n’est jamais, de fâcher, même lorsqu’il m’arrive de parler un peu sévèrement.

Lettre au père Jean Baudrand au Canada, 30 septembre 1849, EO I n 124

RÉFLEXION

Cela me rappelle certains de mes aînés qui me corrigeaient en disant : « Crois-moi, cela me fait plus de mal qu’à toi ! ».

Eugène avait des opinions bien arrêtées et une façon directe de les exprimer. Au fil des ans, la vie lui a appris à être plus diplomate – mais avec ses Oblats, il se considérait comme leur père spirituel et se sentait libre de dire ce qu’il avait sur le cœur. Il était lui-même profondément peiné lorsqu’il se rendait compte que ses paroles avaient blessé quelqu’un. Il était toujours le premier à s’excuser et à exprimer son amour pour ses fils.

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TU DOIS PRÊCHER PAR TON EXEMPLE

Le père Jean Baudrand, âgé de 35 ans, avait été nommé supérieur de la communauté de Longueuil, au Canada, et ne se sentait pas capable. Dans le passé, il avait fait preuve d’un esprit indépendant, mais il était revenu à la raison.

Oui, mon cher fils, c’est moi qui ai suggéré la pensée de vous nommer supérieur à Longue [u] il. Je ne doute pas que cette même pensée fût venue au Provincial, mais vous serez peut-être bien aise de savoir que je vous ai jugé propre à bien vous acquitter de cette charge. Me ferez-vous un crime d’avoir pensé que vous avez trop de jugement, trop de solide piété, trop d’amour de l’ordre et de la régularité pour compter avec assurance que si, dans une autre position, vous aviez pu avoir quelque chose à vous reprocher sous le rapport de l’exactitude et de la fidélité aux Règles, devenu supérieur et sentant tout le poids de votre responsabilité devant Dieu, devant l’Église et devant la Congrégation, vous prêcheriez d’exemple et vous tiendriez au maintien de l’observance régulière.

Lettre au père Jean Baudrand au Canada, 30 septembre 1849, EO I n 124

RÉFLEXION

Lorsque nous sommes tentés de penser que nous ne sommes pas assez doués pour remplir un ministère, n’oublions jamais la promesse de Jésus : « Je suis avec vous tous les jours » (Matthieu 28:20).

Chaque jour, nous sommes bombardés de tant de paroles et de bruit que nous devenons immunisés. C’est le témoignage cohérent de bonnes gens qui nous parle et nous encourage.

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MAINTENEZ SÉVÈREMENT LA PLUS GRANDE UNION PARMI LES FRÈRES ET QUE LA CHARITÉ RÈGNE TOUJOURS PARMI VOUS

J’ai été péniblement affecté de comprendre que les deux jeunes Pères ne s’entendent pas comme il convient à deux bons frères, surtout lorsqu’ils se trouvent si loin de leur père commun. Oh! cela n’est pas supportable. Qu’importe la différence de caractère quand on ne doit avoir qu’un cœur et qu’une âme… Maintenez sévèrement la plus grande union parmi les frères et que la charité règne toujours parmi vous. Voudrait-on perdre le mérite de tant de sacrifices que l’on fait pour Dieu!

Lettre au Père Pascal Ricard en Oregon, 10 février 1849, EO I n 110

RÉFLEXION

« On ne choisit pas sa famille. Ils sont le don de Dieu pour vous, comme vous l’êtes pour eux. » (Desmond Tutu)

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DES PEINES QUE L’ON SE FAIT ET QUE L’ON N’AURAIT PAS SI L’ON S’ÉTAIT APPLIQUÉ À COMPRENDRE CE QUE DOIT ÊTRE UN RELIGIEUX.

Les Oblats du Canada n’ont pas eu la vie facile. À l’extérieur, ils se heurtent à l’opposition du clergé local qui se sent menacé par ce groupe de missionnaires français zélés qui ont beaucoup de succès dans leurs missions et qui attirent les gens. Entre eux, cependant, les jeunes missionnaires n’avaient pas reçu une formation complète sur la vie en communauté et les défis de la vie religieuse. Eugène se déchargea de son angoisse (avec une bonne dose d’exagération émotionnelle car les choses n’allaient pas aussi mal qu’il le décrivait) sur le père Honorat. Eugène ne connaît que le modèle français d’évangélisation et ne comprenait pas, au départ, que les besoins et les méthodes du Canada étaient différents.

Vous auriez bien besoin que je puisse pousser ma visite jusqu’au Canada. C’est là et non en France qu’on a perdu toute notion d’esprit religieux. C’est au point que je ne reconnaîtrais plus mon œuvre.

Je n’ai jamais prétendu faire cadeau à l’Église d’une société de prêtres insubordonnés, sans déférence, sans respect pour leurs supérieurs, détracteurs les uns des autres, murmurateurs, sans esprit d’obéissance, chacun se réservant de juger selon ses préventions, ses goûts ou ses répugnances, n’épargnant personne, non seulement entre eux, mais même devant les étrangers que l’on prend sans façon pour confidents des peines que l’on se fait et que l’on n’aurait pas si l’on s’était appliqué à comprendre ce que doit être un religieux…

Il faut que la plaie soit bien profonde et le mal bien invétéré pour que tous les sujets que j’y envoie et qui partent pleins de bonne volonté deviennent bientôt aussi imparfaits que les autres. J’en suis navré jusqu’au fond de l’âme. J’espère néanmoins encore de la miséricorde de Dieu que le moyen qu’il m’inspire de prendre portera remède au mal que je déplore. Je vais envoyer un visiteur extraordinaire avec pleins pouvoirs . Je n’en suis pas moins, mon très cher, croyez-le bien, votre tout affectionné

Lettre au Père Jean Baptiste Honorat à Saguenay, Canada, 12 juillet 1849, EO I n 121

RÉFLEXION

« Comme toutes les bonnes familles, nous avons notre part d’excentricités, de jeunes impétueux et capricieux et de désaccords familiaux.  » (Reine Elizabeth II)

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JE NE PUIS QUE SÉCHER DE DOULEUR EN VOUS VOYANT MARCHER DANS UNE VOIE SI DIFFÉRENTE DE CELLE QUE JE VOUS AI TRACÉE ET QUI EST LA SEULE QUI CONDUISE AU SALUT

Je vois par vos lettres qu’on a perdu au Canada la trace des premières notions de l’état religieux…

Tels sont les chagrins dont m’abreuvent mes propres enfants; le glaive qu’ils enfoncent chacun à sa façon entre toujours plus profondément dans mon sein, car je ne puis que sécher de douleur en vous voyant marcher dans une voie si différente de celle que je vous ai tracée et qui est la seule qui conduise au salut.

Ceux qui me connaissent doivent comprendre combien il m’est pénible d’exprimer de pareils sentiments que j’étoufferais volontiers dans mon cœur si le devoir impérieux de ma charge ne m’obligeait de les manifester. Que le bon Dieu vous bénisse

Lettre au père Adrien Telmon au Canada, août 1849, EO I n 122

RÉFLEXION

« Vous êtes les arcs d’où partent vos enfants comme des flèches vivantes ». (Khalil Gibran)

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MAIS QUI POUVAIT CROIRE QUE VOUS LE LANCERIEZ DANS LE MINISTÈRE SANS QU’IL SÛT RIEN?

Eugène est revenu sur le même thème des jeunes oblats envoyés en mission et qui n’étaient pas suffisamment préparés dans l’ouest du Canada. Ils faisaient de l’évangélisation primaire avec des gens qui n’avaient jamais entendu l’Évangile chrétien auparavant, et pensaient à tort qu’une catéchèse initiale de base serait suffisante.

Nous avons ici de bien excellents jeunes gens qui ne soupirent qu’après les missions autochtones. Mais nous sommes décidés de leur faire terminer leurs études théologiques avant de les livrer. Sous prétexte qu’il n’est pas nécessaire de savoir tant de choses pour évangéliser des peuple autochtone, on les expédie parfois trop tôt dans vos contrées. Ce n’est point mon avis et quelque impatients que soient nos jeunes gens je les retiendrai jusqu’à la fin de leurs études.

Comment avez-vous pu faire ordonner le frère X  prêtre sans qu’il sût un mot de théologie? On vous l’avait envoyé pour qu’en étudiant cette science indispensable il pût en même temps apprendre la langue. Mais qui pouvait croire que vous le lanceriez dans le ministère sans qu’il sût rien? Il est essentiel que vous soigniez beaucoup vos missionnaires, que vous acheviez de former ceux qu’on vous envoie jeunes encore. Ainsi gardez-vous de trop vous presser pour le frère Tissot; faites-le étudier.

Lettre au Père Pierre Aubert à St Boniface, Canada, 4 mars 1849, EO I n 111

RÉFLEXION

« Celui qui va lentement, va solidement et va loin ».

(Proverbe italien)

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JE ME SUIS EXPOSÉ À COMPROMETTRE LEUR SALUT, CELUI DES ÂMES QU’ILS NE SAURAIENT PAS DIRIGER

Comme les missions canadiennes augmentaient, la demande de missionnaires oblats augmentait aussi. Eugène avait accepté d’envoyer des scolastiques au Canada pour répondre à ce besoin, mais à condition qu’ils terminent leurs études au Canada.

Les exigences des missions ne le permettaient pas, et les missionnaires n’étaient donc pas correctement préparés ni suffisamment mûrs spirituellement. Eugène a donc été contraint de prendre la décision de mettre fin à cette pratique.

Je ne puis pas en conscience approuver le système que vous suivez au Canada de faire avancer dans les Ordres des enfants sans science et qui se ressentiront toute leur vie de ce défaut d’instruction. Aussi suis-je décidé à ne plus envoyer que des sujets qui auront terminé leurs études et passé un temps suffisant, dans l’intérieur de nos maisons, à se former à la pratique des vertus religieuses.

Je préfère mille fois que vous attendiez plutôt que d’avoir à me reprocher de n’avoir pas pourvu aux besoins de nos sujets et de m’être exposé à compromettre leur salut, celui des âmes qu’ils ne sauraient pas diriger et l’honneur de la Congrégation. Quand j’ai consenti à vous envoyer, sur votre demande, de simples Oblats, c’était dans la ferme persuasion qu’on les formerait soit à la science ecclésiastique, soit à la piété.

Lettre à Mgr Bruno Guigues à Ottawa, 25 mars 1849, EO I n 114

RÉFLEXION

La générosité de ces jeunes hommes les a conduits à plonger dans un ministère exigeant sans les compétences nécessaires. C’est leur salut et celui des autres qui était en danger.

Pour nous aussi, notre salut peut être fragile si nous ne nourrissons pas notre foi par la lecture, la réflexion et la prière.

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ILS SONT AU SERVICE DE TOUT LE MONDE, ILS NE BRIGUENT PAS LEURS CURES

L’arrivée et le ministère des Oblats n’ont pas été accueillis avec joie par certains membres du clergé canadien. Il en avait été de même en France lorsqu’Eugène avait fondé les Oblats. Écrivant à l’évêque Bourget de Montréal, Eugène cite certaines de ces plaintes et poursuit :

J’en aurais bien d’autres à vous citer. Mais j’aime mieux passer à vous remercier d’avoir appelé nos bons pères au service de votre faubourg de Québec. Un ami de M. de Charbonnel lui a écrit avec bonheur tout le bien qu’ils ont fait depuis que vous les avez chargés du soin de ces âmes, et j’espère que lorsqu’ils seront solidement établis et qu’une comm[unau]té pourra se réunir là, ils en feront bien davantage encore.

Certains prêtres diocésains craignaient que les Oblats ne leur enlèvent leurs paroisses. La nomination de l’évêque oblat Guigues à Ottawa avait également suscité de vilaines critiques.

Mais qu’est-ce donc que cette jalousie pour des hommes si inoffensifs que ces pauvres Oblats de Marie? Ils sont au service de tout le monde, ils ne briguent pas leurs cures. Parce que l’un d’entre eux a été choisi sans le vouloir pour un évêché, véritable évêché de mission qui ne pouvait guère être rempli que par un missionnaire, voilà un déchaînement général comme si l’on avait enlevé à chacun d’eux la mitre à laquelle il aspirait.

Lettre à l’évêque Bourget à Montréal. 10 mai 1849, EO I, n 117

RÉFLEXION

Partout où le bien est fait au nom de Dieu, le pouvoir du mal tente de le détruire. C’était clair à l’époque de Jésus et cela a continué à l’être au cours des siècles. C’est le péché qui s’empare du cœur des gens et les amène à prononcer des paroles qui détruisent. Personne n’en est exempt.

« L’homme, qui a été créé pour la liberté, porte en lui la blessure du péché originel, qui l’attire constamment vers le mal et le met dans le besoin de rédemption ». Cette doctrine ne fait pas seulement partie intégrante de la révélation chrétienne ;elle a aussi une grande valeur herméneutique dans la mesure où elle aide à comprendre la réalité humaine. L’homme tend vers le bien, mais il est aussi capable de faire le mal. » (Pape Jean-Paul 2, Centesimus Annus §25)

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MARIE IMMACULÉE

En février 1849, le pape Pie IX avait consulté tous les évêques du monde en leur demandant leur avis sur une éventuelle proclamation du dogme de l’Immaculée Conception.

Que dites-vous de la belle décision qui se prépare sur la Conception Immaculée de la T[rès] S[ain]te Vierge? Nous sommes heureux d’avoir été appelés à concourir par notre vote à ce grand événement. Je l’écrivais au Pape, jamais décret du S [ain] t-Siège n’aura été plus magnifique, appuyé sur le jugement de toute l’Église dispersée dans toutes les parties du monde. C’est plus qu’un Concile Général. J’ai répondu à l’interpellation du chef de l’Église comme les Pères des Conciles, judicans subscripsi. C’est ce que le pape demande

Lettre à Mgr. Bourget à Montréal, 10 mai 1849, EO I, n 117

RÉFLEXION

« Nous contemplons aujourd’hui l’humble fille de Nazareth qui, par un privilège extraordinaire et ineffable, a été préservée de la contagion du péché originel et de toute faute, afin de pouvoir être une digne demeure pour le Verbe incarné. En Marie, la Nouvelle Ève, Mère du Nouvel Adam, le plan d’amour original et merveilleux du Père a été rétabli d’une manière encore plus merveilleuse. C’est pourquoi l’Église acclame avec reconnaissance : « Par toi, Vierge immaculée, la vie que nous avions perdue nous a été rendue. Tu as reçu du ciel un enfant et tu as donné au monde un Sauveur » (St Jean Paul 2).

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VOTRE RÉSIGNATION ET LA CERTITUDE DU MÉRITE QUE VOUS EN RETIREZ DEVANT DIEU

Oh! non, mon cher ami, vous ne sauriez faire vos lettres trop longues et entrer dans trop de détails au sujet de votre pénible mission. Vous ne sauriez croire l’anxiété dans laquelle je suis par rapport à vous tous. Ne recevoir de vos nouvelles qu’à huit mois de date est un vrai tourment pour mon cœur.

Vous savoir privés de beaucoup de choses, mal appréciés par ceux qui devraient baiser les traces de vos pas, est une chose au-dessus de mes forces. C’est un chagrin qui n’est adouci que par la connaissance que vous me donnez de votre résignation et la certitude du mérite que vous en retirez devant Dieu.

Lettre au père Pascal Ricard dans l’Oregon, 10 février 1849, EO I n 110

REFLECTION

« Les épreuves peuvent être le jardin de la compassion. Si tu gardes ton cœur ouvert à travers tout, ta douleur peut devenir ton plus grand allié dans la recherche de l’amour et de la sagesse dans ta vie. » (Rumi)

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