JE VEUX T’EMPLOYER A DES OCCUPATIONS PLUS CONFORMES A NOTRE VOCATION.

Le Père Courtès était confesseur dans un couvent de religieuses et auprès des élèves de leur école. À la demande d’Eugène, il renonça à ce ministère. Eugène ne considérait pas cela comme faisant partie du charisme.

Maintenant que tu es débarrassé de ton couvent, je veux t’employer à des occupations plus conformes à notre vocation. Je sais que tu es infatigable quand il s’agit d’annoncer la parole de Dieu et que tu t’acquittes dignement de ce grand ministère. 

Lettre à Hippolyte Courtès, le 22 septembre 1836, EO VIII n 588

Notre fondation a toujours eu pour but de faire de nous des missionnaires et des prêtres auprès de ceux qui avaient le plus besoin de recevoir la Parole de Dieu. De nos jours, si nous évaluons notre ministère, nous devons nous poser les mêmes questions.

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DANS LES GRANDES DOULEURS, ON A BESOIN DE SE REPOSER SUR LE CŒUR DE CEUX QU’ON AIME.

Eugène, en tant que père de sa famille Oblate, partageait les souffrances des siens. Humainement, il avait besoin de leur support, expressément au moment de la mort du Père Pons. Ci-dessous, il répond à une lettre de soutien d’un de ses Oblats.

Je disais, mon cher fils, au P. Courtès que ta lettre et la sienne m’ont fait du bien parce que, dans les grandes douleurs, on a besoin de se reposer sur le cœur de ceux qu’on aime. Les décrets de Dieu sont impénétrables. Ils déjouent toutes les combinaisons que le zèle le plus pur pour la gloire de son nom inspire. Dieu ouvre un vaste champ devant nous, il nous appelle à le moissonner parce qu’il est mûr, nous nous élançons pour obéir à sa voix. Voilà qu’il nous ôte la faux des mains, que son saint nom soit béni.

Lettre à Casimir Aubert, le 20 septembre 1836, EO VIII n 587

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LE SEIGNEUR SE PLAIT A FORMER PARMI NOUS SES ELUS, QU’IL LES FAÇONNE, LES PERFECTIONNE ET QUAND ILS SONT MURS POUR LE CIEL, IL NOUS LES ENLEVE…

Eugène s’adresse à la communauté sur la manière édifiante dont est mort le Père Pons.

Le Seigneur vient de nous enlever notre excellent P. Alexandre Marie Pons, à l’âge de 28 ans, dont 8 de vocation. Il est mort en prédestiné hier à huit heures du soir, assisté de tous ses frères qui l’avaient soigné avec une charité héroïque pendant toute sa maladie dont la malignité et la contagion n’ont effrayé personne. Ma présence et mes paroles étaient trop agréables à notre cher malade pour que je ne me fisse pas un devoir de le consoler moi-même jusqu’à la fin. Quoique depuis quatre jours il ne pût plus articuler, il a conservé sa connaissance et il suivait avec ferveur tout ce qu’on lui suggérait d’édifiant. Selon notre coutume, son confesseur, le P. Tempier, lui réitérait souvent l’absolution qu’il recevait avec transport. Je pense qu’il avait reçu une lumière intérieure qui lui annonçait sa fin prochaine, car depuis les vacances, il s’était adonné à toutes les pratiques de la perfection, vivant dans une régularité si exacte qu’il faisait l’édification de toute la communauté. Ses entretiens n’étaient plus que de Dieu, et il n’agissait en tout que pour lui.
C’est ainsi que le Seigneur se plaît à former parmi nous ses élus, qu’il les façonne, les perfectionne et quand ils sont mûrs pour le ciel, il nous les enlève alors que nous aurions compté sur eux pour nous aider à porter le lourd fardeau qu’il nous a imposé. Que Sa volonté soit faite. Je le bénis du bien qu’il assure à mes enfants et je le prie d’écouter les vœux qu’ils font sans doute dans le ciel et pour moi et pour nous tous et pour la Congrégation qui les a enfantés, nourris et formés pour sa gloire…

Lettre à Jean-Baptiste Mille, le 17 septembre 1836, EO VIII n 585

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LES SOUFFRANCES DE CELUI QUI DIRIGE

Le contexte des mots précédents “à l’embarras de ma position et à l’amer chagrin de mon âme” était relié à la mort imminente d’un Oblat apprécié de 28 ans et au départ d’un autre. Une double épreuve pour les Oblats.

Et voilà maintenant un autre coup dur, comment faire face aux sévères décrets de la Providence, que faire quand on affronte la folie, l’insensibilité, la couardise des hommes. Ne parlons plus de Pachiaudi qui a si indignement trahi la Congrégation et qui a foulé aux pieds tant de devoirs. Même en cela, sa désertion me laisse un vide que je ne peux remplir. 

Eugène était profondément choqué, cela se comprend, par la désertion du Fr. Pachiaudi et il exprima cela durement. En vérité, ce dernier entra plus tard au monastère de la Grande Chartreuse où il se fit moine et occupa une position élevée.

Mais ce qui est plus désolant encore, ce qui me déchire l’âme et mine ma propre existence, c’est l’état désespéré où se trouve notre excellent, notre à jamais regrettable Pons. Il est depuis quatre jours entre la vie et la mort, et à moins d’un miracle il ne peut pas en échapper. Le genre de sa maladie me tient en outre dans une anxiété continuelle pour tous ces bons jeunes frères qui lui prodiguent les soins de la plus héroïque charité. Il n’a rien moins que le typhus le plus malin, et tous ceux qui le soignent, et c’est toute la communauté, se ressentent plus ou moins des influences de ce mal qui conduit au tombeau notre cher et précieux frère.

Lettre à Jean-Baptiste Mille, le 15 septembre 1836, EO VIII n 583

Le Père Pons n’avait que 28 ans et il était un professeur doué et respecté au Grand Séminaire de Marseille.

Il faut donc nous résigner à perdre un de nos meilleurs sujets qui ne sera pas remplacé de longtemps. Dieu le veut, tout est là; mais le cœur souffre et le vide se fera sentir…

Lettre à Hippolyte Courtès, le 16 septembre 1836, EO VIII n 584

Nous touchons ici à la souffrance et aux inquiétudes d’Eugène quant à la santé des jeunes membres de la communauté en danger de contracter cette maladie contagieuse. Ils soignaient leur frère dans des circonstances difficiles, eu égard aux difficultés médicales du 18e 19e siècle.

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JE VOUDRAIS VOUS MULTIPLIER AU PRIX DE MA VIE, SACHANT LE BIEN QUE VOUS POURRIEZ FAIRE

Vous pourriez vous tromper en pensant qu’Eugène se complaint, dans les lettres précédentes, en montrant une congrégation Oblate approchant du chaos. Ce n’en était définitivement pas le cas.

La demande de personnes pour aider au ministère augmentait sans cesse chez les Oblats. Les missionnaires répondent par leur zèle, mais demandent à Eugène d’envoyer plus d’Oblats dans leurs communautés – en se plaignant qu’il n’y répondait pas. Eugène, de leur dire :

N’ajoutez pas, je vous en conjure tous, à l’embarras de ma position et à l’amer chagrin de mon âme, ce que doit avoir de pénible les plaintes que vous me faites parvenir tous à la fois de tous côtés. Est-ce ma faute si vous n’êtes pas plus nombreux et si dans ce petit nombre de sujets il en est si peu de capables? Je voudrais vous multiplier au prix de ma vie, sachant le bien que vous pourriez faire, qui se présente de toute part et qui ne se fera pas faute d’ouvriers…

Lettre à Jean-Baptiste Mille, le 15 septembre 1836, EO VIII n 583

Aujourd’hui, avec des familles charismatiques fleurissantes en Église, la famille Mazenodienne fait partie intégrante de la mission proposée à l’Église par le charisme de Saint-Eugène.

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L’EXTRAVAGANTE PIETE DE CERTAINS HOMMES QUI VEULENT SERVIR DIEU A LEUR MANIERE EN DEPIT DE LA RAISON ET DU BON SENS

“Être” de façon à “Faire” suppose une vie équilibrée. Le zèle pour la mission en oubliant les besoins du corps donne de piètres résultats. Eugène, écrivant au Supérieur de la communauté d’Aix, insiste sur cet équilibre.

L’obligation de sept heures de sommeil est faite pour remédier à l’extravagante piété de certains hommes qui veulent servir Dieu à leur manière en dépit de la raison, du bon sens, de la justice et d’une religion éclairée. Qu’y faire, on ne peut pas guérir des têtes fêlées. Je te recommande d’ordonner de ma part au P. Aubert de ne jamais dormir moins de sept heures. Ce jeune Père a un grand besoin de dormir, il ne veut pas se le persuader, mais cela est évidemment ainsi. Je l’ai remarqué depuis longtemps et d’autres aussi ont fait la même observation. Je n’admets point d’excuses. J’exige absolument qu’il se soumette à cette prescription.

Lettre à Hippolyte Courtès, le 8 septembre 1836, EO VIII n 582

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JE M’ATTRISTE MALGRE MOI QUAND JE CONSIDERE LE PEU DE GENEROSITE DE CERTAINES AMES

En considérant le leadership potentiel chez ses Oblats, Eugène énonce les qualités de l’“être” se révélant dans le “faire”: la régularité, la disponibilité en vivant selon les Règles de vie, le détachement et la générosité.

Mais je m’irriterais volontiers quand je rencontre des sujets qui se rendent impropres aux divers emplois de confiance que je voudrais leur donner, soit par défaut de vertu soit en ne présentant pas une garantie suffisante d’une conduite sage. Tu as actuellement deux sujets qui seront disponibles pour satisfaire au besoin le plus pressant, mais où en sont-ils pour la régularité, vivent-ils de l’esprit de leur saint état? Sont-ils indifférents, sont-ils propres à tout? Je les avais envoyés au Laus pour qu’ils parvinssent plus facilement à devenir tels que doivent être tous les membres de notre Congrégation. Où en sommes-nous de mes espérances. Serait-il donc si difficile d’être à la hauteur de ses devoirs! Je m’attriste malgré moi quand je considère le peu de générosité de certaines âmes.
Adieu mon cher P. Mille, je te bénis ainsi que toute la communauté.

Lettre à Jean-Baptiste Mille, le 23 août 1836, EO VIII n 579

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JE NE RECONNAIS PLUS MON ESPRIT DANS LES MAISONS QUE JE VIENS DE VISITER

La congrégation fondée en 1816 a commencé par une période d’inspiration zélée et un flux de générosité parmi la première génération. Vingt-ans plus tard, nous voyons Eugène frustré par le refroidissement de cette passion initiale. Cette seconde génération d’Oblats n’a pas toujours le même intérêt que la première.

Eugène vient juste de terminer une visite officielle des deux communautés sous la gouverne de très jeunes supérieurs. Exaspéré, il écrit:

Le rapprochement de ce qui a été pratiqué par nous avec les abus que nos jeunes supérieurs locaux ont laissé introduire dans nos maisons et encouragé de leurs exemples, ne m’inspire que des pensées pénibles. Les supérieurs locaux, à force d’agir d’après leurs idées, sont tout-à-l‘heure parvenus à refaire la Congrégation. Aussi, je ne reconnais plus mon esprit dans les maisons que je viens de visiter, et comment s’y trouverait-il puisqu’on ne s’est jamais mis en peine de me consulter?
Ne vous ai-je pas assez dit, à vous autres jeunes supérieurs, que la nécessité m’a forcé de vous mettre à la tête de nos communautés longtemps avant que vous fussiez en état de gouverner, que votre grand défaut a été de suivre votre propre esprit, au lieu de puiser votre règle de conduite dans ce qui avait été pratiqué avant vous. Si vous aviez eu soin de marcher sur nos traces, vous n’auriez pas introduit tant d’abus que j’ai toutes sortes de peines à déraciner.

Lettre à Jean-Baptiste Mille, le 23 août 1836, EO VIII n 579

Deux cents ans plus tard, la famille Mazenodienne continue à avoir la responsabilité de rester centrée sur le charisme initial et la vision qu’il nous propose. Eugène reconnaitrait-il son esprit dans les communautés d’aujourd’hui?

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CES COMMUNICATIONS FRATERNELLES ET DE CONFIANCE… QUI FINISSENT PAR FORMER UN ESPRIT DE FAMILLE

En écrivant au Père Casimir Aubert, maître des novices, Eugène énumère le progrès des novices et conclue en donnant son avis sur un point particulier, duquel on tire une importante leçon pour toutes les communautés.

Tâche d’user de quelque influence sur Gignoux pour le mettre au pli d’une régularité raisonnée, tu y parviendras en te ménageant quelques entretiens avec lui dans lesquels tu traiteras sans affectation de la véritable perfection.
Ne néglige pas non plus avec les autres ces communications fraternelles et de confiance qui produisent toujours un bon effet, qui finissent par former un esprit de famille dans ceux-là même qui n’en ont pas eu l’instinct dès le principe. Je comprends qu’il peut être plus agréable de garder sa cellule, mais cet apostolat est plus avantageux et plus conforme à mes vues. Adieu, très cher fils, je t’aime et je te bénis.

Lettre à Casimir Aubert, le 13 juin 1836, EO VIII n 577

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C’EST BIEN LE MOINS QUE JE TE CONSOLE, QUE JE T’ENCOURAGE SINON PAR MA PRESENCE, DU MOINS PAR MES PAROLES

Le rôle d’Eugène, comme Supérieur Général, était de garder ceux qui lui avaient été confiés réunis dans l’esprit de leur vocation, à la lumière du charisme qu’il avait reçu. Cela impliquait pour lui d’encourager ceux qui peinaient à s’y conformer.

Dans cette lettre au Père Hippolyte Courtès, le responsable de la communauté d’Aix, qui avait été maltraité par l’évêque et les autorités ecclésiales du lieu, il écrit :

J’attendais, cher fils, de jour en jour une de tes lettres pour t’écrire. Je sens que dans la position où tu te trouves, c’est bien le moins que je te console, que je t’encourage sinon par ma présence du moins par mes paroles. Qui nous aurait dit, après vingt-cinq ans de travaux assidus et de dévouement, d’en être réduits à la condition de suppliants qui attendent grâce, que dis-je, qui ne demandent que de n’être pas pendus? Cet état violent ne peut pas durer, mais il importe d’adopter la maxime de feu M. Émery : il faut allonger la courroie pour ne pas rompre, les hommes passent. Cette maxime que mon ancien maître mit constamment en pratique est sage; quelque opposée qu’elle soit à mon caractère, je t’exhorte à l’adopter, ou pour mieux dire, je te loue de la suivre. La Providence veut que nous croissions au milieu des tribulations. À peine commençait-on à respirer d’un côté qu’on est tiraillé de l’autre. Attendons…

Il est temps pour la communauté de se resserrer dans un espoir confiant:

Ne t’inquiète pas. À chaque jour suffit son mal. Il faut des contradictions. J’ai la confiance qu’elles nous annoncent quelque heureuse nouvelle. Mais encore une fois, assemble ta petite communauté pour leur recommander de ma part de redoubler de prières, de vaincre le mal par le bien, de se réjouir d’être un peu humiliés, de renoncer à toute prétention, je ne dis pas personnelle, je ne suppose qu’il en puisse exister de pareilles parmi vous, mais prétention de corps, préférant l’humilité à la gloire quand le bon Dieu veut nous faire marcher par cette voie. Qu’on ne s’y trompe pas, [faire] autrement serait pure illusion.

Lettre à Hippolyte Courtès, le 8 juin 1836, EO VIII n 576

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