DEVENIR PASTEUR ET PÈRE, INVESTI DE L’AUTORITÉ MÊME DE JÉSUS-CHRIST QUE JE DEVRAI REPRÉSENTER

Dans sa retraite, Eugène continue sa réflexion sur ce que signifie être évêque, représentant dans son diocèse le Pasteur du Seigneur :

Je vous rends grâce, ô Seigneur, d’avoir fait jaillir cette lumière du dépôt sacré de vos Saintes Écritures. En m’indiquant la voie que je dois suivre, en me donnant le désir de la suivre, vous y ajouterez le puissant secours de votre grâce pour m’y faire marcher d’un pas ferme, et avec persévérance. Je n’attends pas moins de votre bonté accoutumée, de cette miséricorde que mes infidélités n’ont jamais lassée et qui m’inspire en ce moment même tant de confiance. Je vais mettre sans délai la main à l’œuvre, car le temps presse.
Au premier jour je puis être institué canoniquement, c’est-à-dire, placé par Jésus-Christ à la garde du bercail, chargé de l’instruire, de le nourrir, de l’édifier in verbo, in conversatione, in charitate, in fide, in castitate, comme je viens de le voir, devenir pasteur et père, investi de l’autorité même de Jésus-Christ que je devrai représenter au milieu de cette portion de son troupeau qui sera devenu aussi mon propre troupeau dont il me faudra rendre compte au Souverain Pasteur de nos âmes qui me les aura données pour les sauver en me sacrifiant pour elles.

Retraite préparatoire à la prise de possession de la charge épiscopale de Marseille, mai 1837, EO XV n 185

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LE FEU SACRÉ DE VOTRE AMOUR QUI DOIT D’ABORD EMBRASER MON CŒUR, ET SE RÉPANDRE ENSUITE PAR MON MINISTÈRE

Eugène se devait d’être l’instrument de l’amour divin pour son peuple en faisant en sorte d’en être rempli lui-même.

Comment faut-il s’y prendre pour espérer d’y parvenir? Avant tout il faut m’humilier profondément devant Dieu de me trouver si différent de ce que j’ai été dans un temps par sa grâce.
 … à présent qu’il s’agit pour moi de répondre à l’appel du Maître, Ecce adsum, il faudrait pouvoir dire: Ecce adsum, ecce ego mitte me. Mais si mes forces se sont affaiblies, si le sel s’est affadi, si la lumière ne jette plus d’éclat, comment pourrai-je répondre avec confiance à l’appel du Maître? Seigneur, aidez-moi; venez vous-même à mon secours: Deus in adjutorium meum intende, Domine ad adjuvandum me festina. À vous seul il appartient de donner la force à mon âme; vous seul pouvez renouveler dans mes entrailles le feu sacré de votre amour qui doit d’abord embraser mon cœur, et se répandre ensuite par mon ministère dans les âmes que vous voulez me confier.

Retraite préparatoire à la prise de possession de la charge épiscopale de Marseille, mai 1837, EO XV n 185

Dans la Préface de 1818, il avait écrit : «Veille sur ta personne et sur ton enseignement, dit l’apôtre saint Paul à Timothée; persévère en ces dispositions. Agissant ainsi, tu te sauveras, toi et ceux qui t’écoutent» (1 Tm 4, 16).

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CETTE NOUVELLE PHASE DE MA VIE DOIT ÊTRE UNE ÉPOQUE DE RENOUVELLEMENT TOTAL…

Cependant il faut aller de l’avant, c’est une nécessité que Dieu m’impose, ayons bon courage et comptons sur sa grâce. Pour cela avant tout il faut sérieusement travailler à devenir saint. Cette nouvelle phase de ma vie doit être une époque de renouvellement total…

Il se souvient des moments de sa vie où il a expérimenté la proximité de Dieu d’une manière particulière.

C’est le cas ou jamais de me transporter aux époques les plus fécondes en bonnes pensées, en sentiments généreux, de remonter à mon sacre, à mon ordination sacerdotale. Il y eut alors de saintes inspirations, il y eut même quelques lumières pour les comprendre, une certaine fidélité pour y correspondre, mais que cela fut court! Oh instabilité! Oh entraînement! Oh dissipation! Oh faiblesse! Les affaires, les contradictions, le dégoût, un certain mépris de l’espèce humaine, m’ont enlevé jusqu’au zèle dont je brûlais dans un temps. J’ai vraiment besoin de retremper mon âme. Dieu m’en fournit l’occasion puisqu’il m’impose un grand devoir que je ne pourrai remplir convenablement qu’en marchant sur la trace des saints. C’est déjà une grâce insigne que de le comprendre; il faut que j’y corresponde pour en obtenir le complément.

Retraite préparatoire à la prise de possession de la charge épiscopale de Marseille, mai 1837, EO XV n 185y

En bref ici, un écho de son programme de vie et de mission qu’il s’était donné à lui-même et à sa famille missionnaire dans la Préface de 1818 : “rendre les hommes raisonnables, puis chrétiens, enfin les aider à devenir des saints

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C’EST UNE NÉCESSITÉ QUE DIEU M’IMPOSE, AYONS BON COURAGE ET COMPTONS SUR SA GRÂCE

Les réflexions d’Eugène pendant sa retraite continuent en l’invitant à avoir encore plus confiance en son Sauveur

Tout cela ne coûterait rien, ce me semble, si, pénétré comme je le suis de mes obligations, je pouvais me flatter d’être compris dans un siècle où l’on n’a pas la moindre idée de ce qu’est selon la foi et l’institution de notre divin Seigneur…
Aujourd’hui on relègue un évêque dans le fond de son cabinet, pour délivrer des dispenses ou faire son courrier. Et s’il paraît parfois dans une paroisse c’est pour y administrer la confirmation qu’on ne peut recevoir que de lui. Sans cela, on se passerait de l’y voir…

Il continue à réfléchir sur les difficultés qu’il avait rencontrées auprès du clergé de Marseille alors qu’il y était Vicaire Général pendant plus de 10 ans et il conclut :

Mon Dieu, quand on considère les choses des yeux de la foi et dans la conviction de ses devoirs, à la vue des difficultés qui se rencontrent pour les remplir, il y a de quoi se décourager et rebrousser chemin! Cependant il faut aller de l’avant, c’est une nécessité que Dieu m’impose, ayons bon courage et comptons sur sa grâce.

Retraite préparatoire à la prise de possession de la charge épiscopale de Marseille, mai 1837, EO XV n 185

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IL FAUDRA QUE JE M’ATTACHE À CE PEUPLE COMME UN PÈRE À SES ENFANTS.

Ces belles paroles résument bien ce qu’Eugène sera à Marseille en tant qu’évêque pendant les 24 années qui suivront :

Me voilà par le fait pasteur et premier pasteur d’un diocèse qui, quoiqu’on en dise, n’est pas peuplé par des saints. Il m’est donné, je ne l’aurais pas choisi, Cependant il faudra que je m’attache à ce peuple comme un père à ses enfants. Il faudra que mon existence, ma vie, tout mon être lui soient consacrés, que je n’aie de pensées que pour son bien, d’autres craintes que de ne pas faire assez pour son bonheur et sa sanctification, d’autre sollicitude que celle qui doit embrasser tous ses intérêts spirituels et même en quelque façon son bien-être temporel. Il faudra en un mot que je me consume pour lui, disposé de lui sacrifier mes aises, mon attrait, le repos, la vie même…

Retraite préparatoire à la prise de possession de la charge épiscopale de Marseille, mai 1837, EO XV n 185

Voici ci-dessus l’expression magnifique de ce qu’est en entier la définition même de l’oblation. Elle commença au pied de la Croix un Vendredi-Saint et elle grandit et s’approfondit 30 années durant au travers d’une vie missionnaire si riche en événements.

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ÉVÊQUE DE MARSEILLE: LA PLUS LOURDE CHARGE QUI PUISSE ÊTRE IMPOSÉE À UN FAIBLE MORTEL…

Pendant ces jours de retraite, Eugène se penche sur la signification de cet appel nouveau et sur l’attitude qu’il doit avoir pour aborder cette tâche.

Puisque le sort en est jeté et que malgré tout ce que j’ai pu faire jusqu’à présent pour me soustraire au fardeau de la responsabilité d’un diocèse, mes calculs et mes espérances viennent d’échouer devant les combinaisons toutes différentes faites très adroitement et certainement dans un bon esprit par mon oncle, je dois m’y résigner et tirer le meilleur parti que je pourrai de ma nouvelle et selon moi bien triste position..

Il avait été évêque depuis 1832, mais sans responsabilités reliées à un diocèse – Il avait été libre de servir selon son bon vouloir et selon son bon discernement.

 

J’étais déjà évêque, il est vrai, mais je ne l’étais en quelque sorte que pour moi. Je ne me devais à personne. Nul n’avait le droit d’exiger le service de mon ministère; tout ce que j’étais dans le cas de faire ne m’était inspiré que par la charité. J’étais libre, en un mot.
Maintenant c’est autre chose! Aussi l’épiscopat que j’avais pu jusqu’à présent ne considérer que comme la plénitude du sacerdoce dont j’avais été favorisé, et comme le complément de toutes les grâces que le Seigneur a daigné accorder à mon âme dans tout le cours de ma vie, m’apparaît aujourd’hui tel qu’il est dans la constitution de l’Église sous le rapport pastoral, c’est-à-dire, comme la plus lourde charge qui puisse être imposée à un faible mortel.

Retraite préparatoire à la prise de possession de la charge épiscopale de Marseille, mai 1837, EO XV n 185

Le Seigneur l’a comblé jusque-là de sa grâce, et c’est en Lui qu’il a mis sa confiance, peu importe le poids du fardeau.

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LE 17 FÉVRIER 1826 : L’ÉGLISE RECONNAIT QUE LA FONDATION D’EUGENE EST UN CHARISME DE DIEU

Mon cher ami, mes chers frères, le 17 février 1826, hier au soir, le Souverain Pontife Léon XII a confirmé la décision de la congrégation des Cardinaux, et spécifiquement approuvé l’Institut, les Règles et les Constitutions des Missionnaires Oblats de la très sainte et immaculée Vierge Marie…

La conclusion que nous devons en tirer, mes chers amis et bons frères, c’est que nous devons travailler, avec une nouvelle ardeur et un dévouement plus absolu encore, à procurer à Dieu toute la gloire qui dépendra de nous, et aux pauvres âmes de notre prochain leur salut par toutes les voies que nous pourrons; c’est de nous attacher de cœur et d’âme à nos Règles, et de pratiquer avec [plus d’] exactitude ce qu’elles nous prescrivent…

 Au nom de Dieu, soyons saints.

Eugene de Mazenod à sa famille missionnaire, le 18 février 1826, EO VII, n. 226

Aujourd’hui, écrivant à la Famille mazenodienne, le Père Louis Lougen nous exhorte tous à être missionnaires selon la vision et le cœur de saint Eugène, où que nous soyons et quel que soit notre état de vie.

Le projet missionnaire d’Eugène et de ses compagnons, exprimé avec passion dans la « Préface», est écrit dans nos cœurs… nous voyons sa pertinence prophétique pour aujourd’hui encore.  L’Église, en notre temps comme au temps du Fondateur, a été dévastée de diverses manières et dans divers endroits, à travers le monde.  Nous faisons l’expérience d’une Église, discréditée à cause du manque de vertu de ses propres ministres ; une Église divisée et polarisée par les idéologies ; une Église dont les fidèles sont très souvent persécutés pour leur foi ; et en d’autres endroits, une Église où les chrétiens ont cessé de professer leur foi, une Église affaiblie faute d’Eucharistie, du manque de prêtres et devenue difficilement accessible.

Cette réalité nous crie l’urgence et touche nos cœurs comme elle l’a fait chez Eugène.  S’il pouvait y avoir des missionnaires passionnés pour apporter l’Évangile aux pauvres, des missionnaires enflammés par le zèle apostolique, engagés dans une vie sainte et remplie d’amour véritable pour les autres, des missionnaires qui partageraient une vie en commun et collaboreraient ensemble et avec d’autres à la Mission de Dieu… alors on pourrait espérer qu’en peu de temps, les gens ouvriraient vraiment leur vie à la Bonne Nouvelle de Dieu.  Eugène était habité par une vision prophétique, stimulé par une profonde faim pastorale de servir le peuple oublié par l’Église. (https://www.omiworld.org/fr/2020/02/02/lettre-du-superieur-general-pour-le-194e-anniversaire-de-lapprobation-pontificale-des-constitutions-et-regles/)

Louis Lougen, OMI, Supérieur général

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JE TÂCHERAI DE PROFITER DE MA SOLITUDE POUR L’ÂME ET POUR LE CORPS…

Ayant reçu le lourd fardeau d’être nommé Évêque de Marseille, Eugène s’en ressent sur sa santé.

Tout le monde, parents, amis et médecin, s’étant réuni pour exiger que je m’absentasse de la ville pour pouvoir me remettre de l’état de souffrance dans lequel je suis tombé à la suite des fortes secousses éprouvées depuis six ou sept mois, j’ai consenti à m’exiler à la campagne pour y passer une quinzaine de jours dans la plus absolue solitude.

Journal d’Eugène de Mazenod, le 2 mai 1837, EO XVIII

Le jour suivant:

Me voici à St-Joseph depuis hier au soir. Je tâcherai de profiter de ma solitude pour l’âme et pour le corps… Ma porte sera fermée à tout le monde, et mon journal chômera, si les affaires n’arrivent pas par-dessus les murs.

Journal d’Eugène de Mazenod, le 3 mai 1837, EO XVIII

Là, dans la solitude et dans la prière, il se prépare à assumer les nouvelles responsabilités dont il aura la charge plus tard dans l’année.

C’est pour nous une invitation à passer du temps en prière silencieuse avant d’entreprendre des tâches difficiles.

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NOUS NE SAURIONS TROP FAIRE POUR RECONNAÎTRE TOUT LE BIEN QUE LE BON DIEU NOUS PROCURE D’ACCOMPLIR SES VOLONTÉS

Eugène se réjouit toujours du succès accompli par ses fils missionnaires. Écrivant au Père Martin en Suisse, il faut état des raisons de ses succès en invoquant Dieu qui a agi par son intermédiaire.

Mon cher enfant,
Je voudrais bien vous dire de vive voix ce que je me contente de vous écrire. Rendez-vous de plus en plus digne de votre vocation. Nous ne saurions trop faire pour reconnaître tout le bien que le bon Dieu nous procure d’opérer par un privilège spécial….

C’est aussi avec tristesse qu’Eugène nous rappelle que cette motivation n’est pas partagée par tous :

Si nous sommes en petit nombre, sans doute il faut s’en prendre en partie aux malheurs des temps, à la lâcheté qui gagne tant de mercenaires qui ne veulent servir l’Église que pour le profit temporel qu’elle leur procure…

Lettre à Joseph Martin, le 10 mai 1837, EO IX n 617

Quelle est ma motivation pour suivre Jésus en tant que son disciple baptisé ?

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NE DESCENDS JAMAIS DE CHAIRE SANS AVOIR EXCITÉ LES CŒURS À LA CONTRITION ET À L’AMOUR

Eugène continue à donner ses conseils au Père Mille qui accompagne l’archevêque  d’Aix pour prêcher à sa place.

Le matin, avant la cérémonie, je pense que tu seras chargé de faire une courte instruction sur le sacrement de confirmation que les enfants doivent recevoir. Prends garde de n’être pas trop long, et enferme beaucoup de choses dans peu de mots. Ne descends jamais de chaire sans avoir excité les cœurs à la contrition et à l’amour.
Dans les villages, fais comprendre à Monseigneur l’utilité de parler la langue du pays…

Lettre à Jean-Baptiste Mille, le 21 avril 1837, EO IX n 614

Quelle différence cela produirait-il en Église si ceux qui prêchent aujourd’hui mettaient tout cela en pratique!

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