EUGENE: UN PRÊTRE QUI AIMAIT DE L’AMOUR DE JÉSUS-CHRIST

© Laurent Girard / Studio Mazenod (2011) – Tableau du Jean-Jacques Martin
“Comme par une forte secousse étrangère” il ressent de plus en plus l’appel à être prêtre et il décide de quitter Aix, pour entrer au séminaire:
… la vocation qui m’appelait à me dévouer au service et au bonheur de mon prochain que j’aimais de l’amour de Jésus-Christ pour les hommes.
Journal du 31 mars 1839, E.O. XX
1808 : Séminariste à Saint Sulpice, à Paris:
Je me suis dévoué au service de l’Église parce qu’elle était persécutée, parce qu’elle était abandonnée
Lettre à son père, E.O. XV n. 129
Le 21 décembre 1811, ordination sacerdotale à la cathédrale d’Amiens:
Mon Dieu, c’en est fait désormais et pour toute ma vie. Vous, vous seul serez l’unique objet auquel tendront toutes mes affections et toutes mes actions. Vous plaire, agir pour votre gloire, sera mon occupation journalière, l’occupation de tous les instants de ma vie. Je ne veux vivre que pour vous, je ne veux aimer que vous et tout le reste en vous et par vous. Je méprise les richesses, je foule aux pieds les honneurs; vous m’êtes tout, vous me tenez lieu de tout. Mon Dieu, mon amour et mon tout: Deus meus et omnia.
Notes de retraite avant son ordination sacerdotale, le 21 décembre 1811, E.O. XIV n.95
S’il est vrai que des années de maturation ont préparé le désir d’une vie donnée, “l’expérience du Vendredi Saint 1807” vient cristalliser le désir du Sacerdoce chez Eugène de Mazenod.
Des sentiments très vifs ont secoué le jeune homme en arrêt devant le Christ en croix : douloureuse prise de conscience du vide de son existence, incommensurable amour de Jésus Christ mort pour tous, besoin absolu de Dieu, son « unique bien »…
La grâce du Vendredi Saint va demeurer bien présente, « la semence jetée en terre à Venise par Don Bartolo continue son lent travail », (*) mais ce sera au milieu d’hésitations, d’incertitudes, de décisions difficiles à prendre qu’elle finira par éclore.
Eugène prêtre, c’est la fin de la lignée des de Mazenod. D’autre part, comment s’éloigner d’une mère et des plans de riche mariage qu’elle caresse pour lui ? Comment renoncer à la possibilité de voir un jour ses parents enfin réunis ? Tout cela à prendre en considération dans la décision d’Eugène va certainement attrister le cœur sensible qu’on lui connaît.
En 1808, l’occupation de Rome par les armées de l’Empereur vient balayer toutes hésitations. Devant les États pontificaux menacés, sa loyauté pour l’Église, donne au jeune homme le sursaut final. Le 21 décembre 1811, Eugène est ordonné.
Toujours présent chez Eugène le souci des plus abandonnés lui fera écrire : « Je me suis dévoué au service de l’Église parce qu’elle était persécutée, parce qu’elle était abandonnée ».
Accourir au secours de l’Église souffrante, travailler au bonheur de son prochain « que j’aimais, écrit-il, de l’amour de Jésus-Christ pour les hommes », ne retrouve-t-on pas là les composantes d’un charisme plus que jamais actuel ?
(*) Petite vie de Eugène de Mazenod – Cardinal Roger Etchegaray