LA JUSTE AFFECTION QUE JE LUI DOIS ET QUE JE LUI AI VOUEE DU FOND DE MON AME

Adoucissant son attitude pour le bien de son oncle âgé de 87 ans, Eugene était prêt à prêter serment de fidélité au roi, mais à condition qu’il puisse rester à Marseille comme évêque suffragant de Fortuné, et sans accepter d’être nommé évêque responsable de diocèse.

Je conclus donc de nouveau avec raison que tout ce qu’il me faut, c’est de rester ce que je suis, reconnu pour tel par le Gouvernement, auquel je ne refuse pas de prêter serment, s’il l’exige, en qualité de suffragant ou vicaire général de mon oncle, puisque j’ai toujours eu pour principe, quoiqu’il n’ait pas voulu le croire, que les ministres de l’Église ne sont établis que pour l’ordre spirituel, qu’ils doivent se soumettre à ce que Dieu permet, maintenir la paix par l’influence de leur saint ministère, bien loin de se faire jamais les instruments de quelque parti que ce soit, pas plus des légitimistes que des républicains, parce que ce serait compromettre l’Église, dont leur principal devoir est de défendre les intérêts.

Eugène était prêt à prendre ces mesures uniquement par dévouement pour son oncle, sur qui pesait lourdement le diocèse :

Ma persistance dans ces pensées fera, je pense, quelque impression sur vous et sur mon bon oncle. C’est un raisonnement fondé en principe, auquel n’est pas étrangère la juste affection que je lui dois et que je lui ai vouée du fond de mon âme. Et pourquoi, après que ma conscience et mon esprit ont prononcé, ne laisserais-je pas parler mon cœur?

Son cœur lui dit que s’il acceptait un diocèse dans une autre partie de la France, la séparation d’avec ses proches serait trop lourde.

Oui, tout ce qui m’éloignerai! d’un oncle si vénérable et si chéri, de vous et de quelques autres personnes en très petit nombre, serait pour moi l’exil le plus insupportable, la condamnation la plus rigoureuse, l’équivalent d’une sentence de mort. Qui dira que je suis tenu à tant de sacrifices?

Lettre à Henri Tempier, 25 août 1835, EO VIII n ° 537

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1 réponse à LA JUSTE AFFECTION QUE JE LUI DOIS ET QUE JE LUI AI VOUEE DU FOND DE MON AME

  1. Denyse Mostert dit :

    Lettre à Henri Tempier, 25 août 1835

    Eugène s’est donné le temps de réfléchir à son Oncle Fortuné pour qui le diocèse de Marseille est un lourd fardeau pour ses 87 ans.. Il envisage la possibilité de prêter fidélité au roi à la condition d’être nommé évêque responsable de Marseille et de seconder ainsi Mgr Fortuné. Il réaffirme que les ministres de l’Église ne sont établis que pour l’ordre spirituel, qu’ils doivent se soumettre à ce que Dieu permet, maintenir la paix par l’influence de leur saint ministère, bien loin de se faire jamais les instruments de quelque parti que ce soit…

    S’il acceptait un diocèse dans une autre partie de la France, écrit-il encore, la séparation d’avec ses proches risquerait d’être trop lourde… l’exil l’équivalent d’une sentence de mort. Avec Henri Tempier, nous voyons réapparaître la solide affection qui est le fond du caractère d’Eugène de Mazenod.

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