ALIMENTER DE FORCE LA CONSOLATION QU’APPORTE LA RELIGION

Leflon décrit les efforts d’Eugène pour apporter le réconfort spirituel aux prisonniers:

Enfin, soucieux d’assurer aux détenus l’assistance spirituelle, qui est une des fins de l’Œuvre, le semainier observe « qu’il existe aux prisons une négligence inexcusable, pour ne pas dire une déplorable irréligion, de la part d’un grand nombre de prisonniers qui se dispensent d’assister à l’office divin sans aucun motif légitime, et qu’il conviendrait d’exhorter fortement ces prisonniers à remplir un devoir aussi sacré» Leflon I p. 300-301

À son père,  Eugène racontait:

Le croiriez-vous, cher ami, l’homme qui remplit ce ministère de charité, ne voit plus dans ces criminels dont il est en quelque sorte le défenseur que des malheureux à secourir. C’est à l’équitable et sévère justice de découvrir le coupable, notre devoir à nous c’est d’adoucir leurs peines par tous les moyens qui sont en notre pouvoir, mais surtout par les consolations que la religion nous présente.

Les moyens du jeune Eugène pour transmettre  les “consolations que la religion apporte” en soudoyant les prisonniers d’aller à la messe  sont tout à fait horribles quand on considère son approche pastorale aux prisonniers dans les années à venir:

Tous mes collègues remplissent-ils ce devoir si essentiel? Je n’en sais rien, quant à moi je me félicite, non seulement d’avoir pourvu à ce que le pain fut meilleur qu’il n’était, à ce qu’une classe de prisonniers plus intéressante et plus abandonnée que les autres, et dont l’âge se rapproche du mien, fut secourue, et d’avoir corrigé plusieurs abus; mais surtout d’avoir fait délibérer par le bureau sur mon rapport  qu’il serait infligé une punition à ceux d’entre les catholiques qui manqueraient à l’office divin, le dimanche et fêtes. Cette punition ne peut s’étendre fort loin car nous n’avons pas la police des prisons, mais la privation de la soupe sera suffisante pour tenir tous ces Messieurs dans le devoir.

Lettre à son père, le 19 janvier 1807, EO XIV n 21

Eugène avait besoin de la grâce d’une rencontre avec le sens de la miséricorde et de la compassion du Sauveur Crucifié !

FRENCH

“Un professeur qui essaie d’enseigner sans inspirer l’élève du désir d’apprendre est en train de marteler sans pitié sur du fer froid.”   Horace Mann

Ce contenu a été publié dans LETTRES, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à ALIMENTER DE FORCE LA CONSOLATION QU’APPORTE LA RELIGION

  1. Denyse Mostert dit :

    Lettre à M. de Mazenod, 19 janvier 1807.
    « Le croiriez-vous cher ami, l’homme qui remplit ce ministère de charité, ne voit plus dans ces criminels dont il est en quelque sorte le défenseur que des malheureux à secourir. »

    Le reste est à l’avenant. Eugène se félicite d’avoir veillé « à ce qu’une classe de prisonniers plus intéressante et plus abandonnée que les autres, et dont l’âge se rapproche du sien, fut secourue. » Une compassion intelligente pourrait-on dire, où les différents problèmes sont soigneusement examinés ! Bien, très bien ! Comme M. de Mazenod l’a sûrement été en lisant ces mots, je suis saisie d’admiration.

    La suite me semble un peu plus difficile…. La raison principale de la présence d’Eugène en ces lieux est d’abord le secours spirituel aux prisonniers. Faut-il s’étonner d’y voir une assistance clairsemée à la messe dominicale ? Dans ce domaine encore, Eugène doit trancher. Il le fera de la belle façon. En obtenant du bureau de direction « une punition à ceux d’entre les catholiques qui manqueraient à l’office divin, le dimanche et fêtes. La privation de la soupe, pense-t-il, sera suffisante pour tenir tous ces Messieurs dans le devoir. » C’est clair, net et je ressens comme un sentiment à saveur d’indignation en lisant cela. Pourtant Eugène ne fait qu’obéir à la loi; il marche dans des chemins imposés. Comme il obéira plus tard avec une aussi grande détermination aux signes qui lui feront découvrir l’amour véritable.

    Beaucoup d’entre nous ont connu une période de rigueur, génératrice le plus souvent d’une vie spirituelle tatillonne. Et je suis sûre que tous se félicitent avec moi de connaître aujourd’hui ce vent de miséricorde au vrai parfum d’Évangile apporté par le pape François.

Répondre à Denyse Mostert Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *