Le père de la famille oblate se réjouit:
Vous le savez, vous êtes l’espoir de notre Société; jugez donc de mon bonheur quand je vous considère, marchant dans les voies du Seigneur, pleins d’ardeur pour le bien, brûlant d’un saint zèle pour le salut des âmes, dévoués à l’Église, méprisant et foulant aux pieds tout ce qui détourne de la perfection et compromet le salut.
C’est alors que je surabonde de joie et que je me félicite de vous avoir pour enfants.
Lettre à André Sumien et aux scolastiques d’Aix, 18 mars 1823, EO VI n. 96
« C’est une chose impressionnant à comprendre l’ampleur du fait que ce que quelqu’un rêve et imagine peut être réalisé. » Vanna Bonta
« J’exulte de joie « ! Une femme autrefois a prononcé des paroles semblables.
Pour Marie comme pour Eugène de Mazenod, on peut dire que ce cri du cœur jaillit en connaissance de cause. La jeune fille de Nazareth pressent que son amour pour Joseph, sa réputation et l’avenir de l’enfant qu’elle va mettre au monde seront emportés dans un tourbillon. Et le Fondateur qui « surabonde de joie », a quant à lui traversé bien des épreuves depuis son inébranlable vocation de « prêtre des pauvres».
On ne peut certes affirmer que l’apostolat auprès des prisonniers d’Aix se passe sans heurts. Bien sûr, des résultats encourageants vont se produire, ce qui n’empêchera pas Eugène d’écrire à François Moreau : «Je sais bien qu’il ne faut pas se laisser éblouir par ces belles apparences… » (1)
Ce ne sont pas non plus des enfants de chœur qui font partie de la Congrégation de la Jeunesse. L’œuvre en elle-même est déjà un danger potentiel. ’’ Encouragé par le succès de son carême auprès du bas peuple et des pauvres, [Eugène] décide de «travailler» aussi sur la jeunesse. Cette initiative n’est pas sans dangers. Napoléon interdit depuis 1809 toutes les formes de groupements religieux.’’ (2)
Les Missionnaires eux-mêmes n’ont pas apporté que de la joie à Eugène. Rappelons-nous ces mots à Hilarion Bourrelier. « Jugez si je m’intéresse à vous voir réussir, mais aussi jugez de ma douleur, en vous voyant dévier du droit sentier après tant de grâces, tant de faveurs de la part de Dieu, tant de soins, tant d’affection de la mienne… » (3)
Il y a aussi les critiques virulentes de membres du clergé d’Aix, les difficultés de certaines missions comme celle de Brignoles et des accusations auxquelles le Fondateur sait donner une réponse ferme. « Il me reste à repousser l’inculpation que vous m’adressez de n’avoir pas assez parlé de la messe paroissiale. Si votre âge et vos infirmités vous eussent permis d’assister aux instructions du matin, consacrées à l’explication des commandements, vous auriez reconnu qu’on a dit, à ce sujet, tout ce qu’on devait dire. » (4)
Ajouter à tout cela ‘’l’absence de direction claire et inspirée dans le diocèse’’ et on a une vue succincte de tout ce qui aurait pu en décourager plus d’un.
Mais la foi d’Eugène de Mazenod est un puissant levier et sa chère communauté un antidote à l’opposition! « Cher Courtès, écrit-il, soyons unis dans l’amour de Jésus-Christ, dans notre commune perfection, aimons-nous toujours comme nous l’avons fait jusqu’à présent, ne faisons qu’un, en un mot, et ils mourront de dépit et de rage. » (5)
Le Fondateur a su reconnaître le vrai bonheur. C’est donc en toute vérité qu’il peut affirmer : « J’exulte de joie ». À se rappeler lorsque des événements contraires se présentent à nous…
(1) Lettre de Noël François Moreau à Eugène de Mazenod, 3 août 1821 dans Rey 1
(2) http://www.omiworld.org/dictionary.asp?v=6&vol=1&let=C&ID=156
(3) Lettre à Hilarion Bourrelier, 27 août 1821, EO VI n 71
(4) Lettre au Curé de Brignoles, 23 août 1821, EO XIII n. 39
(5) Lettre à Hippolyte Courtès, 3 mars 1822, EO VI n 80