LEUR MONTRER UNE LUMIÈRE PLUS BRILLANTE QUE CELLE DU SOLEIL

Après sa pause prolongée et une fois sa santé rétablie, Eugène est retourné à Aix et aux activités des Missionnaires. La saison pour prêcher les missions paroissiales approchait. Ils étaient sur le point de se mettre en route pour Fuveau pour leur deuxième mission en tant que communauté.

Nous nous sommes engagés pour des villages pendant toute la saison des missions. Par une circonstance particulière, nous commencerons même plus tôt, car nous nous mettrons en campagne le premier septembre. 

Habituellement, les missions dans les villages avaient lieu pendant les mois les plus froids, quand les villageois n’étaient pas trop occupés avec leurs cultures. Dans le cas de Fuveau, les circonstances étaient différentes parce que, sur les quelques 1500 habitants, plus de la moitié étaient charbonniers, et n’étaient pas liés aux saisons de l’année pour leurs activités.

Nous irons peut-être prêcher sous terre. Plût à Dieu que nous pussions nous faire entendre jusqu’aux enfers. Je ne plaisante pas quand je dis que nous prêcherons peut-être sous terre, car cette première mission, nous allons la faire dans un pays qui n’est habité que par des charbonniers, qui passent leur vie dans leurs mines de charbon. Je m’attends à ce que nous serons obligés de les aller déterrer, pour leur montrer une lumière plus brillante que celle du soleil, et qui les éblouira moins.

Lettre à Forbin Janson, Juillet-Août, 1816, E.O. VI n. 13

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1 réponse à LEUR MONTRER UNE LUMIÈRE PLUS BRILLANTE QUE CELLE DU SOLEIL

  1. Denyse Mostert dit :

    C’était en 2010. On se souvient de l’effondrement dans une mine à Copiapo au Chili, de la détermination des 33 mineurs prisonniers sous la terre et des 69 jours du travail titanesque qui a permis d’enfin ramener à la surface ces travailleurs que d’aucuns considèrent comme des miraculés de la vie.

    Quand je demeurais en Belgique, j’entendais parfois les radios diffuser l’annonce d’un coup de grisou dans une mine ou l’autre du Borinage. Et nous savions que des hommes avaient probablement péri suite à cette explosion de gaz et que d’autres se trouvaient dans une situation plus que précaire.

    Ce sont là des détails qui me reviennent spontanément en apprenant le projet des Missionnaires de Provence de porter jusque dans les entrailles de la terre la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.

    « Nous irons peut-être prêcher sous terre. Plût à Dieu que nous pussions nous faire entendre jusqu’aux enfers » écrit Eugène de Mazenod à Forbin-Janson. Il a beau y mettre un brin d’humour, je suis tout d’abord demeurée interloquée.

    Les missionnaires avaient-il envisagé le danger potentiel d’une telle équipée ? Car enfin en 1816, la sécurité minière devait certainement être assez rudimentaire ! Et on a beau être de jeunes et solides prêtres, la simple logique atteste que l’adaptation physique à ce milieu rien moins qu’accueillant peut se révéler difficile. Sage cette décision de descendre dans la mine à Fuveau ? À mon avis, non.

    Mais voici qu’une telle folie envisagée dans le domaine de la foi revêt un tout autre aspect. Et ramène automatiquement à saint Paul lorsqu’il rappelle aux Corinthiens que « cette «folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes ». (1 Cor 1 :25)

    Ceci étant acquis, il reste à garder en mémoire l’attention profonde des missionnaires qui leur permet de détecter les véritables besoins. Et l’oblation sans retour qui les envoie là où sont « les pauvres aux multiples visages. » Au risque, comme le note Eugène de « les aller déterrer, pour leur montrer une lumière plus brillante que celle du soleil, et qui les éblouira moins. »

    Dans la vie de tous les jours, un tel héroïsme nous est très rarement, sinon pas du tout demandé. À première vue. Cependant, en allant au fond de choses, nous découvrons toute une panoplie de petits gestes d’apparence anodine qui peuvent apporter un brin d’espérance autour de nous. À chacun de les saisir même s’ils dérangent quelque peu nos projets, nos habitudes.

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