CE QUI ME TUE, C’EST LA PENSÉE QUE J’AI À FAIRE DANS LA JOURNÉE VINGT CHOSES DE PLUS QUE JE NE PUIS.

En plus de son activité incessante, Eugène portait la responsabilité d’accompagner les commencements balbutiants du groupe de Missionnaires. L’identité du groupe était en train de se former. La méthodologie et les buts de leurs activités missionnaires étaient en cours d’élaboration, en réponse aux nouvelles situations qu’ils rencontraient. L’arrivée des premiers novices avait amené le groupe à clarifier leurs valeurs et leur spiritualité, afin de pouvoir les transmettre aux nouveaux membres. La Congrégation des Jeunes était en croissance et avait besoin de plus d’attention. Les critiques de certains prêtres des paroisses d’Aix ajoutaient encore à son fardeau. Sa santé a commencé à en souffrir.

Si je te disais tout ce que j’ai habituellement à faire, tu en serais effrayé. Et ce qui me tue, c’est que la pensée que j’ai à faire dans la journée vingt choses de plus que je ne puis, me donne dans toutes mes actions une agitation intérieure involontaire, qui me brûle le sang. Je crois que c’est une des causes principales de l’altération de ma santé. Figure-toi que je me vois réduit à prendre du salep. Mais c’est trop parler de ma chétive personne.

Lettre à Forbin Janson, Juillet-Août 1816, E.O. XV n 138

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1 réponse à CE QUI ME TUE, C’EST LA PENSÉE QUE J’AI À FAIRE DANS LA JOURNÉE VINGT CHOSES DE PLUS QUE JE NE PUIS.

  1. Denyse Mostert dit :

    Lorsqu’on lit la lettre d’Eugène de Mazenod à son ami Forbin-Janson, il apparaît sans contredit que le Fondateur se trouve submergé de toutes parts.

    La Congrégation de la Jeunesse en croissance réclame une attention constante. Le petit groupe de missionnaires du début s’agrandit lui aussi, d’où nécessité de lui découvrir une identité spécifique.

    Pour Eugène de Mazenod, le tout s’est enclenché avec les innombrables difficultés des initiatives dérangeantes par leur nouveauté et le plus souvent en butte aux critiques des institutions en place qui peuvent se sentir plus ou moins menacées.

    Non vraiment… En 1816, Eugène n’a pas eu le loisir de s’imposer un rythme de travail raisonnable en rapport avec ses propres forces. L’appel du Vendredi Saint 1807 l’habite et comme le Christ Sauveur, il porte héroïquement le poids de la croix.

    Il apparaît certain que le P. Forbin-Janson aura lu avec beaucoup d’émotion les mots qui disaient si bien la fatigue de son grand ami. Peut-être lui aura-t-il recommandé avec force de tenir compte d’une santé déjà ébranlée… Peut-être lui aura-t-il donné quelques conseils dont celui de partager avec d’autres une tâche aussi lourde…

    C’est le discours que la plupart d’entre nous avons entendu lorsqu’il nous est arrivé de présumer de nos capacités tant physiques qu’intérieures. Paroles pleines de bonnes intentions mais qui demeurent souvent lettre morte tant « qu’on n’atteint pas le fond du baril »…

    Alors quelle attitude adopter envers ces responsabilités qui nous assaillent plus que jamais aujourd’hui alors que « la moisson est abondante mais si peu d’ouvriers » ? (Lc 10.2)

    Pourquoi ne pas ici encore nous en rapporter à notre Fondateur et, bien simplement, faire part à quelque ami sûr des temps difficiles que nous traversons ? Les difficultés resteront les mêmes, mais quel réconfort de nous savoir aimés, compris et que quelque part, quelqu’un nous porte dans sa fervente prière !

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