LES MISSIONS PAROISSIALES: EUGÈNE RAPPELLE QUELQUES-UNS DES FRUITS DE LEUR PREMIÈRE MISSION

En se souvenant, quelque quarante ans plus tard, Eugène rappelle la première mission prêchée à Grans :

S’il me fallait, pour ne pas laisser de lacunes, écrire ici la relation de cette première mission donnée à Grans, je craindrais d’en affaiblir les merveilles qui s’y opérèrent par la grâce de Dieu. Voilà, je crois, près de quarante ans (j’écris ceci le 5 septembre 1857) que cette mission a eu lieu. […] Le bon Dieu voulut nous encourager.
On en trouvera quelques détails, mais bien insuffisants, dans la correspondance. Nous fûmes tellement surchargés de travail que je n’avais pas le temps d’écrire. Qu’il me suffise de dire que les pécheurs les plus invétérés et les plus obstinés, ceux même qui nous avaient maudits par mille blasphèmes lorsque nous arrivâmes, devinrent des agneaux et se convertirent tous. Il y eut des hommes qui n’auraient pas attendu cinq minutes le jour de Pâques pour entendre la messe, qui attendirent douze heures de suite que leur tour vint de se confesser le dernier jour pour recevoir l’absolution. [… ]
Ardents dans leur retour sincère à la religion, les habitants de Grans signifièrent aux charretiers de Salon de prendre un autre chemin s’ils ne voulaient pas renoncer au blasphème, et ils y tinrent la main. Une pauvre femme de Saint-Chamas, qui venait vendre du poisson, reçut un énorme soufflet d’une femme de Grans, pour s’être émancipée à proférer une parole injurieuse à Dieu.

Journal, le 5 septembre 1857, E.O. XXII

Dans la narration de la mission de Marignane, nous trouvons Eugène en train de noter de semblables commentaires:

Visite à un concubinaire, promesse de sa part de se confesser et de se marier…
Homme qui n’avait pas mis les pieds à l’Eglise depuis vingt-deux ans, revenant dans de très bons sentiments.
Sentiments de ferveur de plusieurs femmes et filles. Patience admirable de tous les jours pour attendre son tour auprès du confessionnal, depuis le matin jusqu’au soir.
Visite à un nonagénaire pour le déterminer à se confesser. On prétend qu’il y avait beaucoup plus d’un demi-siècle que cela ne lui était pas arrivé.…

Journal de la Mission de Marignane, E.O. XVI

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1 réponse à LES MISSIONS PAROISSIALES: EUGÈNE RAPPELLE QUELQUES-UNS DES FRUITS DE LEUR PREMIÈRE MISSION

  1. Denyse Mostert dit :

    On se souvient des conditions précaires dans lesquelles ont vécu les premiers prêtres qui ont répondu à l’appel d’Eugène de Mazenod et sont devenus « les prêtres des pauvres ».

    Ils ont aussi connu des débuts de mission assez rudes, presque menaçants. . Comme se le rappelle Eugène, il y avait parmi eux « les pécheurs les plus invétérés et les plus obstinés, ceux même qui nous avaient maudits par mille blasphèmes… »

    On imagine aisément les sentiments qui ont agité le cœur des missionnaires dont le seul but est de faire connaître Jésus Christ. Mais, ensemble, ils ont laissé leur foi en Dieu triompher du découragement, qui a bien pu les saisir quelque peu..

    Ils ont compris les circonstances abominables qui ont fait de ces paisibles citoyens des « pécheurs invétérés et obstinés ». Ils ont compris comment les moyens les plus illicites peuvent revêtir un aspect de légalité et se transformer en habitudes lorsqu’il s’agit d’assurer sa sécurité et celle des siens. Ils comprennent surtout le mal-être ancré dorénavant dans le cœur de ces personnes qui ont tant souffert. Et ils savent que Jésus Christ seul peut les arracher à ce marasme intérieur et redonner sens à leur vie.

    Oui, Eugène de Mazenod l’affirme : « Le bon Dieu voulut… encourager » le travail des missionnaires. Les plus obstinés « devinrent des agneaux et se convertirent tous. » Devenus apôtres à leur tour, « ils ont signifié aux charretiers de Salon de prendre un autre chemin s’ils ne voulaient pas renoncer au blasphème… » et démontré par d’autres gestes catégoriques leur désir de vivre désormais en enfants de Dieu.

    La redécouverte de Jésus Christ a rendu aux Provençaux la joie d’une vie fondée sur les conseils évangéliques. « Et votre joie, nul ne vous l’enlèvera  » (Jean 15,11) affirmait Jésus.

    Il nous appartient aussi d’être signe du bonheur que l’on trouve dans le désir d’aimer nos frères et sœurs « comme » le Christ lui-même nous a aimés. Pas toujours évident pour les pauvres pécheurs que nous sommes ! À ce sujet, j’aime beaucoup le mot de Paul Claudel : « Allez, je ne vous demande rien, mon Dieu ! Vous êtes là, et c’est assez.!

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