LES MISSIONS PAROISSIALES: PERMETTRE AU MESSAGE ÉVANGÉLIQUE DE PROVOQUER L’ÉMOTION

Nous continuons d’explorer les cérémonies des missions, et l’accent mis sur le renouvellement de l’engagement baptismal. Aujourd’hui, quand nous lisons les réactions des auditeurs aux activités des missionnaires, nous pouvons être tenté de rejeter les récits de sanglots, de larmes abondantes et les expressions émotionnelles de la conversion et de les écarter comme étant exagérés et d’un genre littéraire désuet et romantique. Pourtant, la réaction des gens n’est pas surprenante quand on réfléchit au fait qu’ils étaient affamés de la vérité, d’une direction solide et d’un sens à leur vie après des années de vide spirituel.

Le Supérieur a repris son discours, et après un préambule, il a fait renouveler aux fidèles les promesses de leur baptême à haute voix et par manière de réponse, ce qui a amené une péroraison que la circonstance a rendue touchante, et pendant laquelle les sanglots couvraient presque la voix du prédicateur, qui était obligé de la forcer pour se faire entendre.

La nature humaine demande une présentation de l’Évangile qui fait appel à tous les aspects de la personne, et pas seulement à la tête et aux sentiments de culpabilité. Je suis sûr que St Eugène continue de nous exhorter aujourd’hui afin que notre perception de l’Evangile puisse faire appel à tous les aspects de nos vies, et particulièrement à notre cœur et à nos émotions. Cependant, Eugene invite également les gens à réfléchir sur les conséquences de leurs actes et à veiller à ce que leurs émotions ne les conduisent pas à la place de leurs têtes. Lequel a le plus d’importance, le sacrement reçu ou la fête par la suite? Les temps ne semblent pas avoir beaucoup changé !

On a donné la bénédiction et ensuite, après la prière, des avis très vifs sur un abus criant qui s’est glissé parmi les autres abominations que le démon avait introduites dans le pays: c’est qu’aux baptêmes la troupe nombreuse de filles et de garçons qui accompagnent le parrain s’embrassent sans façon et dansent ensuite tout le reste du jour…

Journal de la mission à Marignane, le 12 décembre 1816, E.O. XVI

 

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1 réponse à LES MISSIONS PAROISSIALES: PERMETTRE AU MESSAGE ÉVANGÉLIQUE DE PROVOQUER L’ÉMOTION

  1. Denyse Mostert dit :

    On comprend aisément que chaque jour de cette triste Révolution porteur d’un tel sentiment d’urgence, pour la sécurité, la nourriture, la vie tout simplement, ne laissait aucun loisir aux Provençaux pour s’arrêter aux grandes interrogations de la vie. Il fallait parer au plus pressant !

    Ce n’est qu’une fois les hostilités terminées et dans un lent retour à la normale qu’ils peuvent donner libre cours au besoin de trouver un sens à leur existence. Pour cela, il leur faut dépasser la paralysante méfiance des temps troublés qu’ils viennent de vivre pour accorder leur confiance à ces missionnaires qui leur disent Jésus Christ qui a tout donné pour eux et ne leur demande en échange que de vivre avec Lui et entre eux le véritable amour.

    Rien d’étonnant à ce que leur sensibilité si longtemps muselée éclate d’une façon qui nous semble exagérée. Ne sont-ils pas en fait comme des malades qui se croient condamnés et à qui le médecin vient annoncer un progrès inattendu annonciateur d’un retour à la santé ?

    D’ailleurs, comme pour les Provençaux à Marignane, n’est-il pas vrai qu’une fois passés de grands moments de douleurs ou d’inquiétude, il nous arrive d’éprouver des sentiments tellement forts, de soulagement d’abord, de joie ensuite, qu’ils ne peuvent se traduire que par des larmes ?

    Tout psychologue ne dirait-il pas que, sans pour autant se ‘jouer’ de cette sensibilité à fleur de peau, il peut être salutaire de lui laisser, ‘la bride sur le cou’? Et d’accueillir la vérité jaillie de cette aire de ‘respiration intérieure’ qui vient de se libérer en nous ?

    Aujourd’hui comme hier, tout retour à la joie réclame la fête. Aujourd’hui comme hier existent les festivités heureuses et les transports exagérés. Question d’un équilibre toujours à acquérir. Question aussi de reconnaissance heureuse pour le don reçu.

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