MON DIEU, REDOUBLEZ, TRIPLEZ, CENTUPLEZ MES FORCES AFIN QUE JE VOUS AIME

Poursuivant sa retraite avant l’ordination, Eugène médite sur son état de péché en des termes très vifs (je me suis livré au diable comme son esclave), Eugène se tourne vers l’amour de Dieu qui l’a dépassé Poursuivant sa retraite avant l’ordination, Eugène médite sur son état de péché en des termes très vifs (je me suis livré au diable comme son esclave), Eugène se tourne vers l’amour de Dieu qui l’a dépassé et sur lequel il veut passer le reste de sa vie en y répondant. Ceci est tout le contenu de son sacerdoce.

Je suis donc convaincu de ne vous avoir point aimé. Mais qui ai-je aimé au lieu de vous? Le démon. Oui, c’est le démon qui a été mon dieu, c’est à lui à qui j’ai prostitué tout mon être! Et voilà comment j’ai rempli la fin pour laquelle j’avais été créé:
j’ai haï mon Créateur, ou du moins j’ai agi tout comme si je le haïssais, et je me suis livré au démon pour être son esclave. Et c’est un pareil monstre, ô mon Dieu, que vous avez bien voulu revendiquer, que vous avez admis dans votre sanctuaire, que vous allez bientôt investir de votre sacerdoce. Mon Dieu, où sont les termes qu’il me faudrait pour exprimer ce que cette infinie, cette incompréhensible bonté me fait éprouver? Mon front est dans la poussière, mes lèvres sont col[l]ées sur la terre, mon âme est anéantie, je n’en puis plus. Mon Dieu, redoublez, triplez, centuplez mes forces, que je vous aime, non pas seulement autant que je puis vous aimer, ce n’est rien, mais que je vous aime autant que vous ont aimé les saints, autant que [p. 9] vous aimait et que vous aime votre très s[ain]te Mère. Mon Dieu, ce n’est pas assez, et pourquoi ne voudrais-je pas vous aimer autant que vous vous aimez vous-même? Cela est impossible, je le sais, mais le désir n’en est pas impossible, puisque je le forme dans toute la sincérité de mon cœur, de toute mon âme. Oui, mon Dieu, je voudrais vous aimer autant que vous vous aimez vous-même; voilà comment je prétends réparer mon ingratitude passée.

Notes de retraite avant son ordination sacerdotale,
1-21 de décembre 1811, E.O. XIV n.95

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1 réponse à MON DIEU, REDOUBLEZ, TRIPLEZ, CENTUPLEZ MES FORCES AFIN QUE JE VOUS AIME

  1. Denyse Mostert dit :

    Oui, c’étaient bien là les transports d’un être humain à la recherche de la perfection absolue. Pourtant, si cette impossibilité l’attriste énormément, elle ne le décourage pas : « Cela est impossible, je le sais, mais le désir n’en est pas impossible… » Un désir qui va se manifester à travers toute la vie d’Eugène de Mazenod.

    Il me revient à l’esprit une prière de jadis : « Mon Dieu, je ne suis que cendre et poussière… apprenez-moi à me mépriser moi-même… » En l’évoquant, un de mes amis ajoutait immanquablement : « Je préfère le psaume qui dit la merveille que je suis… »

    Comme je peux dire que je préfère immensément le Dieu de Jésus, le Dieu de miséricorde, qui nous a créés à son image et à sa ressemblance, au Dieu juge qui était supposé comptabiliser tous nos manquements….

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