QUOI QUE PUISSE EN DIRE MA RAISON ABUSEE, CE DROIT À L’AMOUR DES HOMMES N’APPARTIENT QU’À DIEU

Poursuivant notre réflexion sur le Journal du dimanche de Pâques 1839, nous voyons Eugène méditer sur la difficile leçon qu’il a dû apprendre lorsqu’il a naïvement cru que parce qu’il aimait les gens et les traitait avec amour, ils l’aimeraient en retour. Cette leçon lui fut d’abord enseignée par certains dans la ville de Marseille.

Qu’il y aurait de choses intéressantes à dire sur ce sujet! Mais je m’écarterais de la pensée qui a donné lieu à cette digression. J’ai voulu dire que j’avais excédé dans l’amour que j’avais nourri dès ma plus tendre jeunesse pour mes semblables, que j’avais surtout excédé dans la prétention de mériter en retour des sentiments analogues de la part de ceux à qui je voulais tant de bien, que mon coeur semblait inviter à se faire encore aimer davantage en répondant à mon amour. Quoi que puisse en dire ma raison abusée, ce droit n’appartient qu’à Dieu. Quels que soient les titres qu’elle voudrait alléguer pour prétendre à la reconnaissance des hommes, elle se trompe; les hommes peuvent avoir tort d’être ingrats, d’être injustes, de ne pas répondre au bien qu’on leur fait ou qu’on voudrait leur procurer, mais moi je ne dois pas me plaindre de ce désordre. Il doit en être du sentiment et de la disposition du coeur comme de l’action et des services.  

Journal d’Eugène de Mazenod, 31 mars 1839, EO XX

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1 réponse à QUOI QUE PUISSE EN DIRE MA RAISON ABUSEE, CE DROIT À L’AMOUR DES HOMMES N’APPARTIENT QU’À DIEU

  1. Denyse Mostert dit :

    « QUOI QUE PUISSE EN DIRE MA RAISON ABUSEE, CE DROIT À L’AMOUR DES HOMMES N’APPARTIENT QU’À DIEU. »

    Toujours cette Mission de 1820 où Eugène a souffert de l’apparente indifférence des gens. C’est une expérience qui demande du temps pour livrer tous ses enseignements.

    À quoi faut-il s’attendre d’une action où ont été investis tant de foi et d’amour de Dieu et d’une reconnaissance qui semble toujours aller de soi? Dès son jeune âge, le fils du Président de la Cour des Comptes à Aix est porté à la réflexion. « J’ai voulu dire que j’avais excédé dans l’amour que j’avais nourri dès ma plus tendre jeunesse pour mes semblables… que j’avais surtout excédé dans la prétention de mériter en retour des sentiments analogues… »

    Cette justice à fleur de peau va finalement le mener vers le véritable Amour, celui qui n’attend aucune rétribution mais qui comprend que, « si les hommes peuvent avoir tort d’être ingrats, d’être injustes, de ne pas répondre au bien qu’on leur fait ou qu’on voudrait leur procurer… moi je ne dois pas me plaindre de ce désordre. »

    Au nom de quoi une telle mansuétude si ce n’est qu’ « il doit en être du sentiment et de la disposition du coeur comme de l’action et des services ? » Que voici une réflexion en opposition au milieu dans lequel Eugene et la plupart d’entre nous – avons été élevés !

    Soyons honnête ! Nous accueillons généralement avec joie le MERCI qui va contribuer à nous donner du bonheur! Rien de plus légitime que d’être, selon l’Évangile rétribué pour un travail, pour autant que la gratuité soit la qualité qui le pousse en avant. Et pourtant s’il vient à faire défaut, nous devons continuer à donner l’Amour divin qui a présidé à ce geste.

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