LA GRATITUDE M’APPELLE A AIMER LA PERSONNE QUI M’OFFRE SON AMITIE

C’est le dernier paragraphe de l’auto-présentation. Eugène traite d’un autre thème concernant ses relations avec les autres: la reconnaissance qui vient du cœur..

La reconnaissance, bien loin d’être pour moi comme pour tant d’autres un poids insupportable, est un de mes charmes, parce qu’elle me porte à aimer la personne à qui j’ai obligation. Je suis heureux quand on m’a obligé par sentiment, et si c’est de préférence et par goût pour moi, il n’est rien que je ne fisse pour reconnaître plus encore l’amitié que le service.
Si l’on ne m’offre que des sentiments ordinaires et communs, que l’on m’oblige de même qu’on aurait obligé un autre, je ne puis donner en retour que ce que le commun des hommes bien nés donne dans ces sortes d’occasions, c-à-d. reconnaissance extérieure, je veux dire qui ne part pas du cœur, disposition à rendre service, mais en vue de m’acquitter; tandis que dans l’autre cas je trouve mon plaisir à rester obligé.
Ainsi j’apprécie infiniment plus un très petit service qui part du cœur de celui qui m’oblige, qu’un infiniment plus grand qu’on ne m’aurait rendu que parce qu’on est bien aise d’obliger

L’autoportrait d’Eugène pour son directeur spirituel, en 1808, E.O. XIV n. 30

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2 réponses à LA GRATITUDE M’APPELLE A AIMER LA PERSONNE QUI M’OFFRE SON AMITIE

  1. Denyse Mostert dit :

    Quel mélange de sentiments qui pourraient, de prime abord, sembler « pas très catholiques » ! Et quel hymne à l’authenticité d’Eugène !

    La reconnaissance est omniprésente dans ses propos… Pas question de se sentir « mal dans sa peau » s’il devient redevable envers quelqu’un. Au contraire, cela le rend d’autant plus heureux s’il peut distinguer l’amitié à la base du service rendu et sa reconnaissance alors ne connaît pas de limite.

    Faut-il s’en étonner ? Pas avec ce que nous connaissons du bouillant Eugène, de son caractère entier. Un tempérament que j’aime comparer à un torrent impétueux qui s’impose à tout ce qui l’entoure mais qui au bout du compte apporte l’eau vive dont toute vie a besoin.

    J’essaie de ne pas penser à la loi du talion : « œil pour œil… ». Service « extérieur », fut-il même important, n’a droit qu’à une reconnaissance « intérieure »… Si pour diverses raisons, le service a pu être été comme obligé, ou a manqué de spontanéité voire même de désintéressement… . S’il ne vient pas du cœur…

    Deux poids, deux mesures à la reconnaissance de saint Eugène ? La mienne en tout cas n’en paraît pas dépourvue. Quand on m’a fait un plaisir, mon merci vient bien plus spontanément s’il s’adresse à l’un de mes proches plutôt qu’à quelqu’un dont les intentions peuvent porter à interrogation ! Bien entendu, civilité oblige et le merci sera là.

    En bout de compte, l’essentiel n’est-il pas d’exprimer une reconnaissance authentique, dans un cas comme dans l’autre, et sans pour autant renier nos sentiments intimes ? Distinguer des degrés dans l’intimité qui me lie à d’autres, fussent-ils de généraux donateurs, ne serait-ce pas la voix de la sagesse ?

  2. Denyse Mostert dit :

    Correction 4ième paragraphe… « Service « extérieur », fut-il même important, n’a droit qu’à une reconnaissance « intérieure. » doit se lire … RECONNAISSANCE EXTÉRIEURE…

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