IL EST IMPOSSIBLE DE DIRE L’HÉROÏSME DU DÉVOUEMENT DES NOVICES ET DES SCHOLASTIQUES

Tout le clergé de Marseille, y compris nos missionnaires, s’est conduit à merveille. À Aix, c’est à crier vengeance. Ils ont tout laissé faire à nos Pères qui ont fait des prodiges, mais aussi justice leur est faite par les hommes, en attendant que Dieu les récompense. Ce qu’il y a de vraiment miraculeux, c’est que personne n’ait pris mal dans un tel excès de fatigue.

Bien qu’Eugène eût voulu que seuls les prêtres soient impliqués auprès des personnes atteintes de choléra, il reconnût le courage des novices et des scholastiques dans leurs implications.

Et nos oblats [éd. novices et scholastiques], c’est impossible de dire l’héroïsme de leur dévouement, car ici il s’agissait de toucher, de frotter, d’essuyer un nombre sans cesse renaissant de cholériques, dégoûtants, exhalant une puanteur insoutenable, dont la sueur froide les inondait quelquefois, c’est à la lettre. Leur sueur était si abondante, qu’en les changeant, on la faisait couler avec la main comme quand on sort d’un bain. Il est arrivé aux nôtres qu’en relevant les moribonds, cette sueur glacée coulant par la main et le bras dans leur manches venait mouiller jusqu’à leur poitrine. Le récit de tous ces détails fait frissonner. Il était temps que je les enlevasse à tant de dangers, ils étaient prêts à y succomber. Déjà ils ressentaient plus ou moins certains signes avant-coureurs qui n’auraient pas tardé de se développer. Comme il ne s’agissait ici que d’un soulagement momentané que l’on procure par ces frictions qui n’ont sauvé personne, je ne devais pas exposer la vie de ceux qui me sont confiés et qui sont d’ailleurs l’unique espérance de perpétuité de la Congrégation à la conservation de laquelle je dois pourvoir tant que j’en suis le père; ce service pouvait être fait par des hommes gagés.

Lettre à Bruno Guigues, le 1er août 1835, EO VIII n 529

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1 réponse à IL EST IMPOSSIBLE DE DIRE L’HÉROÏSME DU DÉVOUEMENT DES NOVICES ET DES SCHOLASTIQUES

  1. Denyse Mostert dit :

    Lettre à Bruno Guigues, le 1er août 1835.

    Eugène de Mazenod revient sur le courage du clergé face à l’explosion de l’épidémie. Il décrit avec force détails les soins à donner aux malades [édition novices et scolastiques]. ll s’agissait de toucher, de frotter, d’essuyer un nombre sans cesse renaissant de cholériques, dégoûtants, exhalant une puanteur insoutenable… La sueur était si abondante qu’en les changeant on la faisait « couler avec la main comme quand on sort d’un bain. » Déjà certains soignants montraient des signes de possible infection….

    Étant donné que ces soins ne procuraient qu’un soulagement momentané. le Supérieur décide de ramener à la Maison-Mère ceux qu’il considère comme nécessaires à la pérennité de la Congrégation. Eugène est prudent. Voici une réflexion qui plairait à un de mes fils qui a vu en lui un bon gestionnaire.

    En fondant les Oblats de Marie Immaculée, le fils du Président de Mazenod se rappelait sûrement certaines façons d’agir de son père dont les décisions prises pour garder sa famille ensemble aux temps difficiles de la Révolution Française. De même Eugène n’oublie pas le « Tout-pour-Dieu » de son Oblation qui englobe à présent les décisions difficiles mais nécessaires du Fondateur.

    Puissions-nous tous avancer et garder intactes nos promesses au Seigneur. Quoi qu’il nous en coûte gardons dans nos cœurs la Confiance qui conduit à la Persévérance.

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