ME VOILÀ DONC PARVENU À MA CINQUANTIÈME ANNÉE AYANT LES MAINS VIDES

La méditation durant la retraite a conduit Eugène à réfléchir sur sa gestion – en utilisant la parabole du maître de maison qui s’appuie sur les habiletés de ses intendants. Bien qu’il ait réussi assez bien et avec efficacité, Eugène se sent triste de ne pas avoir achevé avec autant de succès qu’il en aurait voulu. 

J’ai fait, il est vrai, beaucoup de choses, j’ai surmonté de grands obstacles, vaincu des difficultés insurmontables, le bien et un très grand bien en est résulté  Oui, je ne puis pas le nier, mais c’est à mon détriment. J’étais meilleur, ou pour mieux dire, incomparablement moins mauvais au commencement de mon ministère lorsque je n’avais encore presque rien fait, qu’à présent que j’ai beaucoup fait. Que conclure de [p. 5] ce raisonnement? Que je ne suis pas seulement un serviteur inutile, mais un serviteur infidèle, qu’il est possible que j’ai fait ce que je devais faire, mais que je ne l’ai pas fait comme il faut, puisque certainement la première condition du travail que m’imposait le père de famille était qu’en faisant son œuvre je pourvusse à ma propre sanctification à laquelle on ne parvient dans notre s[aint] état qu’en avançant dans la perfection. Me voilà donc parvenu à ma cinquantième année ayant les mains vides, puisque je n’ai pas su m’enrichir en maniant habituellement des trésors, en les faisant même valoir pour le père de famille, mais pas à compte à demi comme il l’aurait fallu puisque, encore une fois, en me considérant attentivement, je me trouve plus pauvre aujourd’hui que le premier jour de mon administration, “villicationis meae”. [éd. mon relevé d’intendance].

Journal de Retraite avant la consécration épiscopale, du 7 au 14 octobre 1832, EO XV n 166

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1 réponse à ME VOILÀ DONC PARVENU À MA CINQUANTIÈME ANNÉE AYANT LES MAINS VIDES

  1. Denyse Mostert dit :

    « J’ai fait, il est vrai, beaucoup de choses, j’ai surmonté de grands obstacles… » reconnaît Eugène à ce moment de sa méditation pré-épiscopale.

    Et pourtant, mécontent de n’avoir pas atteint la sanctification qui ne s’obtient « qu’en avançant dans la perfection», il continue : « Me voilà donc parvenu à ma cinquantième année ayant les mains vides, puisque je n’ai pas su m’enrichir en maniant habilement les trésors ». Comme ce serviteur de l’évangile, il ne peut remettre que le bien confié tout en déplorant de ne l’avoir fait fructifier.

    Le compte est bon mais il en faut davantage pour avancer sur le chemin du « plus parfait ». Il y faut la Miséricorde de Dieu. Celle qui évalue chacun à sa juste valeur et l’accompagne tout au long de son cheminement vers une perfection jamais atteinte en ce monde.

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