L’ELEVER A LA FACE DE TANT DE REBELLES, ET INVOQUER SUR EUX SA MISERICORDE

Eugène continue à faire part de sa première expérience de la division de la Chrétienté à Henri Tempier:

Cependant, je ne voulus pas me priver de la consolation de dire la sainte messe sur cette terre infidèle, et j’offris le saint sacrifice aux intentions que vous pouvez supposer; j’avoue que ce ne fut pas sans quelque émotion, car après tout, offrir la sainte victime sur ce boulevard de l’erreur, y adorer Jésus-Christ, l’élever à la face de tant de rebelles, et invoquer sur eux sa miséricorde, ou à défaut sa justice, c’est encore quelque chose, surtout quand on pense aux siècles passés et à la disposition présente des esprits. Néanmoins il ne me serait pas possible de vivre en ces lieux; nous en partîmes au plus tôt, continuant notre route.

Lettre à  Henri Tempier, 26 juillet 1830, EO VII n 349

Quelques années plus tard, il exprima une attitude plus tolérante.

« Malgré son intransigeance sur les principes et la dureté de ses propos sur le protestantisme, Mgr de Mazenod est habituellement compréhensif et indulgent envers les personnes. Dans sa lettre à la compagnie pour la colonisation du Nord de l’Afrique, le 4 février 1839, après avoir exposé ses principes, il écrit:

L’Église est pleine de charité pour tous les hommes, quelle que soit leur croyance. Elle aime tous ceux que Dieu a créés à son image et a appelés par là-même à la connaissance de la vérité. Elle leur fait dans l’ordre temporel comme dans l’ordre spirituel tout le bien qu’elle peut, […].

Cependant, messieurs, je ne veux pas conclure de ceci que nous soyons obligés, en disant anathème aux erreurs des protestants, de les repousser eux-mêmes. Nous devons vivre avec eux en toute charité pour quoi que ce soit et en bonne intelligence ai ce qui est temporel. Nous devons en user comme envers des frères à l’égard de leurs personnes. »

Yvon Beaudoin, “Mgr de Mazenod et les Protestants” in Vie Oblate Life 58 (1999), p 523-524

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1 réponse à L’ELEVER A LA FACE DE TANT DE REBELLES, ET INVOQUER SUR EUX SA MISERICORDE

  1. Denyse Mostert dit :

    Oui vraiment, en cette année 1830 Eugène a des idées bien arrêtées sur ceux qui n’adhèrent pas à l’Église de Rome. On comprend le combat auquel il a dû faire face. Lui fallait-il « célébrer la messe dans « le bel édifice de Saint-Pierre… au pouvoir des hérétiques… offrir la sainte victime sur ce boulevard de l’erreur, y adorer Jésus-Christ, l’élever à la face de tant de rebelles» ? Question cruciale à laquelle sa foi en Jésus Sauveur dictera la réponse. « Néanmoins il ne me serait pas possible de vivre en ces lieux » confie-t-il au P. Tempier. Et il continue sa route. Facile de penser qu’il ne pouvait en être autrement pour le « prêtre des pauvres » ! Il en sera d’ailleurs ainsi lorsque, plus tard, les Missionnaires oblats partiront pour les missions « ad gentes ».

    « Malgré son intransigeance sur les principes et la dureté de ses propos sur le protestantisme, Mgr de Mazenod est habituellement compréhensif et indulgent envers les personnes. » Ainsi le 4 février 1839, il envoie un message très clair à la compagnie pour la colonisation du Nord de l’Afrique. Vivre avec les protestants ne signifie nullement accepter les principes de cette religion. C’est avec des êtres humains qu’Eugène et ses fils ont affaire.

    Le temps a passé, l’œcuménisme a depuis lors confirmé la justesse de l’attitude d’Eugène. Bien des pas sont encore à franchir. L’important n’est-il pas que chacun de nous garde le cœur ouvert pour tous sans exception.

    « La charité, la charité, la charité… » et se souvenir que Jésus l’Emmanuel est toujours avec nous.

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