L’ABSENCE DE POINTS DE REPÈRES

Un rappel du plan des présentes séries de réflexions. Afin de comprendre la spiritualité Mazenodienne, il est nécessaire de considérer la formation des intermédiaires d’où provient la spiritualité. Quels étaient les événements et les éléments qui ont formé Eugène? Quelles sont les choses dans les premiers 25 ans de sa vie qui lui donnèrent  des directions permanentes? De quelles conversions avait-il besoin avant qu’il soit assez mûr pour permettre à Dieu de devenir le centre de sa vie?

Reprenons de nouveau l’histoire: Eugène avait quitté la France à l’âge de 9 ans et y retourna quand il eut 20 ans. Les événements marquants qu’il avait connus comme enfant n’existaient plus pour lui – c’était pour lui presque une nouvelle patrie et une nouvelle situation. La France avait changé radicalement depuis son départ au début de la Révolution Française. Afin d’enchâsser “liberté, fraternité et égalité”, beaucoup de sang avait coulé. Il y avait une nouvelle prise de conscience de la dignité et des droits de la personne humaine, mais le pays était encore loin de vivre cet idéal puissant.

Pielorz note:

“Mais peu importe comment ces changements étaient concrets, ils ne touchèrent pas la fine fleur d’Aix.  Elle se retrancha dans son ancienne mentalité et dans la dépense extravagante des temps anciens. Ce fut cette société qui accueillit le fils de son ancien président de la Cour des Comptes.”    La Vie Spirituelle, p. 95

René Motte raconte :

Quand Eugène revient d’exil, il ne peut pas immédiatement jouir des charmes de la ville d’Aix, car il est menacé par le service militaire. Il pourrait être envoyé à l’armée, s’il était choisi par le sort. Pour échapper à cette obligation, il pourrait se payer un remplaçant. Mme de Mazenod envoie alors son fils à Saint-Laurent, parce que la dépense sera nettement moindre dans un petit village que dans une ville comme Aix. Eugène va donc rester cinq mois à Saint-Laurent en attendant que le recensement passe. C’est pour lui un temps d’ennui très pesant après la vie mondaine qu’il a menée en Sicile. Il écrit à son père:

«Je suis sorti de cette odieuse solitude après y avoir séjourné cinq mois qui m’ont paru cinq siècles» 

http://www.omiworld.org/fr/dictionary/dictionnaire-historique_vol-1_s/461/saint-laurent-du-verdon/

À l’insu de ce jeune homme désorienté, Dieu était au travail dans tous ces événements pour le mouler et le préparer à être un futur porteur de la lumière et du sens de l’Évangile à beaucoup de gens sans repère.

FRENCH

“De toutes les choses déroutantes dans un nouveau pays, l’absence de repères humains est l’un des plus déprimants et démoralisants.”   Willa Cather

Ce contenu a été publié dans ÉCRITS. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à L’ABSENCE DE POINTS DE REPÈRES

  1. Denyse Mostert dit :

    Vraiment, le fils du Président de Mazenod n’a pas eu la vie facile. On l’a vu s’enfuir de ville en ville avec sa famille. La peur des armées françaises, la difficulté de s’adapter sans cesse à des milieux nouveaux, les problèmes familiaux dont il était témoin n’ont pu faire autrement que de marquer le garçon en pleine croissance
    .
    Tout comme il en a été des personnes rencontrées au cours de cet exode. Pas étonnant de voir l’étudiant modèle du Collège de Turin, devenir à Venise le disciple zélé de don Bartolo Zinelli au point de ressentir l’appel vers le sacerdoce. Et être de nouveau obligé de partir… De Naples, Eugène écrira : « Mon séjour à Naples fut pour moi une année accablante de la plus triste monotonie… ». Changement radical une fois de plus : Palerme, des amis très chers et les plaisirs mondains qui lui feront vite oublier le passé.

    Pour comble, personne pour l’accueillir à son arrivée à Marseille. Et, sitôt sa mère retrouvée, il se verra forcé de se retirer à Saint-Laurent-du-Verdon dont il se souviendra comme de « l’odieuse solitude » où il séjourné cinq mois longs comme cinq siècles.

    Impossible de résumer en deux mots le parcours chaotique du jeune Eugène de Mazenod. Impossible surtout de ne pas s’étonner de la transformation qui va peu à peu faire de lui le prêtre des pauvres et le Fondateur des Oblats de Marie Immaculée. Ceci est une œuvre divine qui dépasse toute connaissance humaine.

    Comme tout le monde, j’ai vécu des hauts et des bas. Parmi ceux-là diverses influences plus ou moins heureuses. J’aurais pu me laisser entraîner. Mais toujours, le souvenir de certaines personnes me revenait, leur exemple me retenait et certaines de leurs paroles continuaient à m’indiquer le chemin. Je continue à penser à elles avec la plus grande tendresse. Pour ce mystère plus grand que moi je rends grâce à Dieu.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *