LES PERSONNES ÉPUISÉES SE RENDENT IMPUISSANTES

Le zèle excessif des missionnaires Oblats avait tendance à épuiser leur énergie physique et à les mener à des conséquences désagréables. Un missionnaire épuisé devient un missionnaire inutile. De nouveau, Eugène exprime son inquiétude pour le bien-être de ses frères et pour ceux qui en ont la charge.

 …  Pour vouloir trop faire, on se rend inhabile, et alors quel détriment l’esprit n’éprouve-t-il pas? On est obligé de vivre d’une manière toute terrestre, on ne s’occupe plus que de son corps, plus de Règle et bien peu de régularité, voilà ce qu’on gagne. Les supérieurs voient ce déchet et ils n’osent rien dire de peur d’aggraver le mal, en donnant même un simple avis qui peut contrarier le sujet, l’exposer au murmure et nuire ainsi à l’âme et au corps tout ensemble. Que Dieu délivre donc nos frères de toute incommodité, que du moins ils ne fassent rien pour se les attirer.

Lettre à Jean-Baptiste Honorat, le 26 août 1826, EO VI n. 252

 

“Toutes les parties du corps humain deviennent éventuellement fatigués – à l’exception de la langue. ”   Konrad Adenauer

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1 réponse à LES PERSONNES ÉPUISÉES SE RENDENT IMPUISSANTES

  1. Denyse Mostert dit :

    Lettre à Jean-Baptiste Honorat, le 26 août 1826

    Que des conseils logiques dans cette lettre au Père Honorat ! Après avoir décrit l’attitude à adopter pour la prière du soir, Eugène insiste à présent sur la nécessitéd’éviter un excès de zèle qui peut entraîner l’épuisement connu aujourd’hui soul le nom de burn-out.

    Le Fondateur se contente de montrer les effets néfastes d’une fatigue extrême. « On se rend inhabile… On est obligé de vivre d’une manière toute terrestre, on ne s’occupe plus que de son corps… les supérieurs eux-mêmes, touchés d’un tel état n’osent rien dire de peur d’aggraver le mal… » On peut penser que le P. Honorat n’aura de cesse de transmettre le message et que les missionnaires, dûment avertis, ne courront pas au-devant d’indispositions qu’ils peuvent éviter.

    Nulle trace ici d’un dolorisme qui a connu ses lettres de noblesse et demeure peut-être encore à l’honneur chez certains croyants… Les motivations appartiennent à chacun. L’Évangile ne nous montre pourtant pas un Messie en train de s’infliger des douleurs qu’il peut éviter. On l’a vu parfois s’éloigner des foules, prendre des moments de recueillement, de détente, dormir quand il était fatigué et recommander à ses amis de faire de même… Les souffrances de la Passion, il ne les a acceptées qu’en dernier recours après avoir tenté pendant plusieurs années d’apprendre son Père aux foules et, jusqu’au dernier moment, supplié Dieu ‘’d’éloigner de lui le calice’’.

    Et Eugène y va de ce souhait logique. « Que Dieu délivre donc nos frères de toute incommodité, que du moins ils ne fassent rien pour se les attirer. »

    Sages paroles aussi pour notre époque où la performance est à l’honneur ! Afin de les mettre en pratique, il est prudent d’évaluer d’abord nos forces en rapport avec les tâches proposées. Et si finalement on s’est fourvoyé sur nos capacités, avoir l’humilité de le reconnaître… Mais ceci est une autre histoire difficile à accepter. Raison de plus de bien examiner les situations au lieu de céder à la précipitation d’un zèle parfois intempestif.

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