LE SUPPORT DE LA COMMUNAUTÉ DANS LA RECHERCHE DU BONHEUR

Agé de 23 ans, Nicolas Riccardi, un diacre, était entré au noviciat des Oblats sept mois auparavant et il montrait déjà des signes problématiques. Pendant qu’Eugène était à Rome, Riccardi était sorti de la communauté. Eugène voyait du bien en lui et le gronda pour le ramener sur le bon chemin. À cause de ses imperfections personnelles, il avait besoin de l’aide de la communauté Oblate pour subvenir à ses besoins de façon efficace.

Est-ce par dérision, mon cher Riccardi, que vous me donnez encore le nom de père, et vous moquez-vous de moi quand vous me dites que vous vous soumettez entièrement à tout ce que je jugerai utile à votre salut. Ignoriez-vous ce que j’avais jugé utile à votre salut, quand vous vous êtes arraché de mon sein, et ne connaissiez-vous [pas] les motifs qui m’avaient déterminé à vous recevoir dans la Société? Vous l’avez dit quand vous avez répété ces paroles: «Je sens que je suis très peu propre au ministère, » c’est-à-dire quand vous serez livré à vous-même et dépourvu des secours que vous aurait fourni la Société qui vous avait accueilli avec autant de charité que vous avez montré de dédain pour elle.
Cependant, je dois vous le dire, lorsqu’après vous avoir dirigé un certain temps, et après avoir bien connu votre caractère, j’eus à décider sur votre vocation, d’après les désirs que vous me témoigniez, je fis abstraction de ma qualité de supérieur et je prononçais dans votre intérêt, me considérant dans cette circonstance comme chargé de rechercher, et d’assurer autant qu’il était en moi, votre bonheur.

Lettre à Nicolas Riccardi, le 17 Février 1826, EO VII n 225

 

“Il ne suffit pas d’aider ceux qui sont faibles, mais de les supporter par la suite.”   William Shakespeare

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1 réponse à LE SUPPORT DE LA COMMUNAUTÉ DANS LA RECHERCHE DU BONHEUR

  1. Denyse Mostert dit :

    Rome, lettre à Nicolas Riccardi, le 17 Février 1826

    Le moins qu’on puisse dire de Nicolas Riccardi, c’est qu’il n’est pas un novice de tout repos. Il a d’ailleurs quitté le noviciat au début de l’année 1826. De Rome, le Fondateur lui envoie une lettre l’invitant à se placer sous la direction du père Tempier. (*)

    D’entrée de jeu, Eugène fait savoir au jeune transfuge ce qu’il pense de ses formules édulcorées. «Est-ce par dérision, mon cher Riccardi, que vous me donnez encore le nom de père, et vous moquez-vous de moi quand vous me dites que vous vous soumettez entièrement à tout ce que je jugerai utile à votre salut ? » Et d’en revenir à ses propres réticences et raisons de l’avoir admis dans la communauté. « Je fis abstraction de ma qualité de supérieur, écrit-il, et je prononçais dans votre intérêt me considérant dans cette circonstance comme chargé de rechercher, et d’assurer autant qu’il était en moi, votre bonheur. »

    Tout est dans l’ordre. Le Supérieur a eu le temps de connaître son dirigé et le père lui a donné une chance de trouver sa place parmi les Oblats de Marie Immaculée. Peut-on lui reprocher d’avoir agi avec humanité ? Pour dure que soit cette lettre, elle aura produit son effet puisque, le 13 juillet, Nicolas Riccardi fait son Oblation à Marseille, et y est ordonné le 30 juillet de la même année.

    Difficile de prendre les décisions qui ont des répercussions sur la vie d’autrui ! Tâche ingrate pour laquelle le blâme est souvent voisin de la louange. Prière, réflexion bien concrète et consultation sont les moyens les plus sûrs pour en arriver à la solution la moins dommageable pour tous. Et malgré tout, ne pas perdre de vue que toute solution comporte toujours une part d’humanité donc d’imperfection potentielle.

    (*)http://www.omiworld.org/dictionary.asp?v=6&vol=1&let=R&ID=434

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