MIS À L’ÉPREUVE, AVEC SUCCÈS, PAR LE FUTUR PAPE

Le Cardinal Castiglioni, ayant reçu les lettres de plainte des trois évêques français, avait en réalité mis Eugène à l’épreuve. Durant une entrevue de deux heures, il avait provoqué Eugène, en prétendant qu’il était contre sa cause – de façon à éprouver ses véritables sentiments. Eugène raconte ainsi la chose :

J’ai vite pris mon essor vers le Quirinal où loge Mgr Marchetti; j’étais près de Saint-Pierre, du moins à portée du château Saint-Ange, c’est-à-dire à l’autre extrémité de la ville. Arrivé chez Mgr Marchetti, nouvelle surprise. 
« Devinez, m’a-t-il dit, ce qu’est venu faire chez moi hier le cardinal Castiglioni? Il est venu me recommander très chaudement votre affaire, en me faisant le plus grand éloge de votre personne.» 
Pour le coup je me suis frotté les yeux. «Mais tout ce qu’il m’a dit, c’étaient des objections qu’il vous faisait, etc. » Ne serait-ce pas, me suis-je dit intérieurement, qu’il a vu le Pape persister dans sa résolution? C’est une idée qui m’est venue dans l’esprit. C’est qu’il faut que je vous dise que le Pape a été tellement enchanté de l’exposé que je lui fis, qu’il dit au pro-Secrétaire de la Congrégation: 
« Je suis enchanté de cette institution, elle nous manque en Italie, et je voudrais bien l’établir dans mes Etats.» Quoi qu’il en soit, Mgr Marchetti m’a assuré qu’il connaissait le cardinal Castiglioni, et que certainement il lui avait parlé sincèrement. Voilà qui est bien.

Lettre à Henri Tempier, 5 janvier 1826, EO VII n 216

 

« Quelqu’un qui, peu importe le désespoir de la situation, donne aux autres de l’espoir, est un vrai leader. » Daisaku Ikeda

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1 réponse à MIS À L’ÉPREUVE, AVEC SUCCÈS, PAR LE FUTUR PAPE

  1. Denyse Mostert dit :

    Rome, 5 janvier 1826 – Lettre à Henri Tempier

    Il avait raison, Eugène de Mazenod, de garder «foi et espérance » en dépit de la défection des trois Cardinaux qui avaient d’abord recommandé chaudement les Missionnaires de Provence ! Il avait raison de continuer ses démarches auprès des autorités vaticanes.

    Une surprise, belle cette fois, l’attend chez Mg Marchetti dont il lui faut mettre immédiatement Henri Tempier au courant. « Devinez, m’a-t-il dit, ce qu’est venu faire chez moi hier le cardinal Castiglioni? Il est venu me recommander très chaudement votre affaire, en me faisant le plus grand éloge de votre personne.»

    De quoi tomber à la renverse ! Qui aurait pu s’attendre à un tel revirement chez un cardinal si visiblement opposé à l’approbation de la Congrégation ? Un prélat dont Eugène redoutait justement une intervention négative auprès de Léon XII ! De quoi y perdre son latin…

    Des mots du Souverain Pontife lui reviennent alors en mémoire : « « Je suis enchanté de cette institution, elle nous manque en Italie, et je voudrais bien l’établir dans mes Etats.» D’un autre côté, Mgr Marchetti semble se porter garant de Mgr Castiglioni …

    Eugène aurait-il subi à son insu un examen de passage ? Pour douloureuse qu’elle fut, la méthode pouvait en révéler beaucoup sur la personnalité du Fondateur.
    On peut parler de duplicité dans une telle façon de faire; il faut pourtant y découvrir une prudence de bon aloi dans les décisions ecclésiales. On peut surtout comprendre les affres d’un chaud-froid pour un Fondateur qui désire tant la reconnaissance officielle de ses missionnaires.

    « Voilà qui est bien », conclut Eugène. On peut aussi penser au courage et au bon sens de celui qui ne refuse aucun signe d’espérance. Et à l’influence bénéfique qu’il peut ainsi avoir auprès des siens.

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