UN JOUR DE PRIÈRE, D’ENSEIGNEMENT ET DE JEUX

La Congrégation de la Jeunesse se réunissait habituellement tous les jeudis et tous les dimanches, mais aussi aux jours de fête. Ce passage du Journal, daté du mercredi 2 novembre, Jour des Morts, donne une idée de leurs activités de prière, d’enseignement et de jeux.

 On s’est assemblé à l’heure ordinaire dans la chapelle pour y réciter l’Office des morts. Après Matines, M. le Directeur a dit la sainte Messe qui a été suivie de Laudes.
 On s’est retiré ensuite, mais en passant par la cour on n’a pas pu résister au désir de jouer quelques parties de barres [ed. se dit d’un jeu de course entre deux camps limités chacun par une barre tracée sur le sol]. Le soir on s’est assemblé après l’Office des paroisses, on est entré à la chapelle pour la lecture et les dizaines du chapelet. On a joué ensuite jusqu’à 9 heures du soir. Les jeux n’ont été interrompus que pour manger des marrons selon l’usage imprescriptible de nos contrées.
 MM. les congréganistes se sont cotisés à deux sols par tête, ce qui a fait une somme trop considérable pour l’employer toute entière à des marrons. On a proposé de prélever quelque chose pour les pauvres; M. le Directeur a ouvert un avis plus avantageux, qui a été suivi, c’est de prendre sur la masse de quoi faire dire une Messe pour les âmes du purgatoire. Il dira cette Messe, et comme il ne reçoit jamais pour lui de rétribution, l’argent en restera pour les pauvres.

Journal de la Congrégation de la Jeunesse, le 2 novembre 1814, E.O. XVI

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1 réponse à UN JOUR DE PRIÈRE, D’ENSEIGNEMENT ET DE JEUX

  1. Denyse Mostert dit :

    Ceci me rappelle ces 2 novembre vécus dans ma Belgique natale. Avec sa Messe des morts, son ‘’Dies irae’’ impressionnant, sa ‘’Litanie des fidèles défunts’’ (nomenclature des paroissiens décédés depuis plusieurs générations) et la longue procession au cimetière où le curé allait asperger chaque tombe de son goupillon, le ‘’Jour des Morts’’ scellait la solidarité des vivants dans leur souvenir fidèle des ‘’disparus’’. Et la journée s’achevait autour d’un bon repas pris à la table familiale où s’ajoutaient le plus souvent cousins et cousines venus des villages voisins.

    À la Congrégation de la Jeunesse, les exercices de piété sont nombreux. On y suit sans désemparer Office des Morts, Matines, sainte Messe, Laudes… Nul doute « qu’on n’a pas pu résister au désir de jouer quelques parties de barres » avant de se retirer ! Et la journée ne finit pas là puisque, écrit Eugène, « le soir on s’est assemblé après l’Office des paroisses, on est entré à la chapelle pour la lecture et les dizaines du chapelet ».

    Ce récit me fait découvrir en Eugène de Mazenod un homme qui a ‘’les deux pieds sur terre’’ tout en sachant allier avec aisance spirituel et temporel.

    En bon père de famille, il comprend l’importance d’offrir à ses enfants une fin de journée joyeuse où jeux et dégustation des « imprescriptibles » marrons sont à l’honneur.

    Et le prêtre va proposer de transformer un simple don aux pauvres en acte hautement spirituel. Oui, une Messe sera offerte pour les âmes du purgatoire et oui encore les démunis trouveront leur compte dans cet argent que le P. de Mazenod va leur réserver.

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