LA PRISE DE CONSCIENCE DE DIEU DANS LE TOURBILLON DES AFFAIRES

Eugène avait été jeté dans un tel « tourbillon d’affaires matérielles » à Marseille qu’il en vint à craindre qu’il était devenu plutôt tiède au sein de sa vie religieuse et spirituelle, parce qu’il n’en faisait pas assez pour la nourrir.

Si l’on savait néanmoins combien je suis faible, combien je suis imparfait, le fond de corruption et de péché qui est en moi, pourrait-on m’exposer à tant de danger, pourrait-on me prescrire d’autres devoirs que de travailler à ma propre sanctification? J’ai besoin de la solitude, j’ai besoin de la régularité, j’ai besoin de l’exemple. Hors de là je m’affadis et mon esprit sans saveur n’est plus bon à rien pour la vie éternelle.

En se référant au Livre de l’Apocalypse 3 :16 : « Puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche, » il continue :

Dieu veuille encore que l’état dans lequel me jette ce tourbillon d’affaires qui préoccupent, qui agitent, qui absorbent, ne soit pas précisément celui que j’ai toujours redouté et dont je n’ai vraisemblablement pas pu me préserver dans ces derniers temps. Dieu veuille. Dieu veuille que je ne sois pas pis encore et que le Seigneur n’ait pas seulement commencé à me vomir de sa bouche, mais qu’il ne m’ait impitoyablement rejeté de sa face.

Notes de retraite, Mai 1824, EO XV n. 156

Quand on considère le tempérament de feu d’Eugène, ces craintes d’être tiède sont à coup sûr des signaux d’alarme qui montrent la profondeur de ses soucis concernant son état.

 

« Les choix les plus généreux, surtout ceux qui persévèrent, sont le fruit d’une union profonde et prolongée avec Dieu, au sein d’une prière silencieuse. »     Pape Jean-Paul II

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1 réponse à LA PRISE DE CONSCIENCE DE DIEU DANS LE TOURBILLON DES AFFAIRES

  1. Denyse Mostert dit :

    Mai 1824 – notes de retraite.

    Eugène de Mazenod a promis d’être « le bras droit » de son Oncle Fortuné maintenant Évêque de Marseille, Le travail est colossal et le Vicaire général s’y donne à fond. C’est un homme happé par tous les problèmes d’un diocèse à reconstruire et par la bonne marche des Missionnaires de Provence que l’on retrouve pour une retraite à Aix.

    Là, dans le calme de la Maison, le ‘’tourbillon des affaires’’ le cède à la ronde des pensées. C’est le moment d’une introspection sans concession qui va éclairer la pénible situation dans laquelle se débat ce prêtre fatigué.

    « J’ai besoin de la solitude, j’ai besoin de la régularité, j’ai besoin de l’exemple», écrit-il. Rien de tout cela à Marseille mais des « affaires qui préoccupent, qui agitent, qui absorbent ». Que reste-t-il dans tout cela pour prendre soin de sa vie spirituelle ? Et Eugène craint cette tiédeur qui, une fois installée, pourrait l’éloigner de Dieu à jamais.

    Des craintes fondées ? On sait que la résistance humaine a sa limite. Quand une situation difficile perdure, le corps fatigue et l’esprit se refuse à tout ce qui est étranger à la résolution des besoins concrets et immédiats. Ce sont aussi des moments où la miséricorde de Dieu s’en trouve comme occultée et laisse place à des craintes amplifiées au-delà de toute mesure.

    Il suffit souvent d’un temps d’arrêt et de réflexion pour remettre chaque chose dans sa juste perspective. « Tu ne repousses pas, mon Dieu, un cœur brisé et broyé », dit le psaume 50. Et on découvre en même temps que notre engagement, si absorbant soit-il, est souvent la plus belle prière à faire monter vers Dieu

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