Eugène a exprimé ses idéaux directeurs pour travailler avec les jeunes dans une lettre à son ami le Père Forbin Janson. Ce qui est clair est qu’Eugène voulait que ces jeunes gens deviennent de levure à Aix. Grâce à leur formation, ils pourraient devenir le levain dans la « pâte » de tous les jeunes d’Aix avec lesquels ils sont entrés en contact.
Tu connais quelle est mon intention en formant cette réunion:
c’est de faire des chrétiens dignes de porter ce nom,
d’instruire des jeunes gens qui, sans mon secours, n’auraient jamais su que la lettre de leurs catéchismes,
de les séparer de toute compagnie dangereuse, et
de les retenir par l’attrait des amusements de leur âge.
Lettre à Forbin Janson, juin 1814, E.O. XV n.125
C’est parce que Eugene est clair sur ses objectifs et ses méthodes que la congrégation de la jeunesse a été un succès et a porté des fruits.
Comme le souligne le P. Santucci à la fin de cet extrait, c’est la grande transparence d’Eugène qui va assurer la réussite de la toute nouvelle Congrégation de la Jeunesse.
C’est aussi parce qu’il a pris en compte toutes les composantes de la situation qu’il permet à ces jeunes de franchir un pas décisif. Il faut en convenir : la façon de procéder d’Eugène est d’une logique à toute épreuve.
La première chose à faire en effet n’est-elle pas de « les séparer de toute compagnie dangereuse » ? De les éloigner d’un milieu néfaste pour leur faire découvrir une solidarité inconnue pour eux jusqu’à ce jour ? De les éloigner de scènes susceptibles de leur enlever toute spontanéité et de d’étouffer en eux une confiance qui ne demande qu’à s’épanouir dans la sécurité ? Pour enfin, à travers des joies saines et surtout partagées, leur rendre l’enfance à laquelle ils ont droit.
Voici alors dans quel terrain le missionnaire va alors pouvoir «’instruire des jeunes gens qui… n’auraient jamais su que la lettre de leurs catéchismes ». Alors devenus « des chrétiens dignes de ce nom… » ils pourront contribuer à faire refleurir le règne de Dieu dans leur pays tellement déchiré par le climat politique.
N’est-ce pas ce que font les parents soucieux du bonheur de leurs enfants en leur assurant une jeunesse saine et heureuse et en développant chez eux, non seulement savoir-vivre, mais aussi qualités du cœur ?