Si l’on veut parvenir aux mêmes résultats que les Apôtres et les premiers disciples de l’Evangile, prendre les mêmes moyens…
Lettre à M.Viguier, 6 janvier 1819, E.O. VI n 38
Les « mêmes moyens » voulait dire qu’ils étaient actifs et faisaient arriver les choses. Les apôtres n’étaient pas assis en attendant que le monde vienne à eux.
Ils vivaient comme une communauté dynamique, en relation les uns avec les autres, et en cherchant activement la présence de Jésus qui les unissait.
Avec Jésus, et tout comme Jésus, ils allaient à la recherche « de la brebis perdue de la maison d’Israël » et leur souci du bien des gens s’étendait « jusqu’aux extrémités de la terre. »
« Si nous souhaitons arriver aux mêmes résultats que les Apôtres et les premiers disciples de l’Évangile, nous devons employer les mêmes moyens qu’eux… » C’est là exactement le même esprit et la même activité que celle des Missionnaires de Provence:
Notre Seigneur Jésus-Christ nous a laissé le soin de continuer le grand œuvre de la rédemption des hommes.
C’est uniquement vers ce but que doivent tendre tous nos efforts;
tant que nous n’aurons pas employé toute notre vie et donné tout notre sang pour y réussir, nous n’avons rien à dire;
à plus forte raison quand nous n’avons encore donné que quelques gouttes de sueur et quelques minces fatigues.
Lettre à Henri Tempier, 22 août 1817, E.O.VI n. 21
L’apathie peut être vaincue par l’enthousiasme, et l’enthousiasme peut être seulement suscité par deux choses : d’abord, un idéal, qui s’empare de l’imagination par ruée, et deuxièmement, un plan intelligible bien défini visant à réaliser cet idéal. Arnold J. Toynbee
« Mollasson », un terme que j’ai parfois appliqué à l’un ou l’autre de mes fils en mal de laisser-aller. Que je mériterais aussi quand trop de problèmes s’accumulent et que le ‘’à-quoi-bon ?’’ tente de s’insinuer en moi…
Une chose est évidente : Eugène de Mazenod est tout le contraire d’un ‘’mollasson’’. Il a toujours saisi à bras-le-corps les difficultés qui se présentaient et refait surface après les moments de grande fatigue. Semblable en cela aux apôtres qui ont vécu tant d’émotions diverses en accompagnant Jésus durant les trois années tumultueuses de son ministère et sont devenus à leurs risques et périls les messagers que rien ni personne n’a pu arrêter.
Depuis bien des années, j’ai le bonheur d’être proche des Oblats de Notre-Dame-du Cap. J’ai pu voir leur attention constante à une société en mutation pour que chacun puisse entendre le message le plus audible et le plus personnel du Christ.
Le manque de relève, les situations de morosité, de défection, de raillerie qui prévalent dans notre monde occidental n’ont rien pour encourager les missionnaires. Et pourtant, ils demeurent là. Ils savent aller au-delà de leurs fatigues et déceptions et continuent obstinément à annoncer un message devenu incongru dans une société de plaisir et de moindre effort.
Je suis témoin aujourd’hui d’un travail apostolique aux résultats bien minces par rapport aux efforts fournis. Je rencontre des Oblats surchargés qui font face et des Pères vieillissants qui savent garder leur sérénité. En résumé je vois en eux non pas des ‘’molassons » mais des fils d’Eugène qui continuent, envers et contre tout, à « faire connaître et aimer Jésus Christ ».
Oui vraiment… Avec leurs joies et leurs fatigues, avec l’esprit de foi et de persévérance du Fondateur, Oblats de Marie Immaculé et membres de la famille mazenodienne « continuent [à travers le monde] le grand œuvre de la rédemption que Notre Seigneur Jésus-Christ » leur a confié.
Réflexion partisane ? Non. Simplement constatation quotidienne.