LA JEUNESSE : LE MAL EST À SON COMBLE ET NOUS MARCHONS À GRANDS PAS VERS UNE DISSOLUTION TOTALE

Après avoir exposé la situation dramatique dans laquelle se trouvent les jeunes gens, Eugène voit l’urgence de répondre aux attaques de Napoléon, malgré le danger personnel que cela entrainera pour lui, à cause de la police de Napoléon. L’idée centrale de son ministère pour les quelques années à venir sera d’établir un système de soutien pour essayer de préserver la jeunesse d’Aix des malheurs qui la menacent.

Le mal est à son comble et nous marchons à grands pas vers une dissolution totale si Dieu ne vient pas au plus tôt à notre secours, car l’exemple a gagné parmi la jeunesse, parmi ceux mêmes qui vivent sous les yeux de leurs parents, et on ne voit que trop souvent l’impiété forcenée du fils faire un effrayant contraste avec les principes du père dont l’impuissante autorité, ou la coupable faiblesse, est obligée de céder et souvent même de conniver  à ses désordres et à son apostasie. Mais comment déplorer assez la malheureuse rencontre qui devient tous les jours plus commune de jeunes pères élevés dans la Révolution qui ne valent pas mieux que leurs fils élevés par Buonaparte!
Fallait-il, triste spectateur de ce déluge de maux, se contenter d’en gémir en silence sans y apporter aucun remède? Non certes: et dusse-je être persécuté, dusse-je échouer dans la sainte entreprise d’opposer une digue à ce torrent d’iniquité, du moins je n’aurai pas à me reprocher de ne l’avoir pas tenté. Mais quel moyen employer pour réussir dans une aussi grande entreprise? Point d’autres que celui que met en œuvre le séducteur lui-même. Il croit ne pouvoir parvenir à corrompre la France qu’en pervertissant la jeunesse, c’est vers elle qu’il dirige tous ses efforts. Eh bien! ce sera aussi sur la jeunesse que je travaillerai; je tâcherai, j’essaierai de la préserver des malheurs dont elle est menacée, qu’elle éprouve même déjà en partie, en lui inspirant de bonne heure l’amour de la vertu, le respect pour la religion, le goût pour la piété, l’horreur pour le vice.

Journal de la Congrégation de la Jeunesse, le 25 avril 1813, E.O. XVI

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1 réponse à LA JEUNESSE : LE MAL EST À SON COMBLE ET NOUS MARCHONS À GRANDS PAS VERS UNE DISSOLUTION TOTALE

  1. Mostert Denyse dit :

    L’analyse que fait Eugène de Mazenod de la triste situation de la jeunesse de 1813 s’étend aussi aux parents, témoins plus ou moins consentants de ce « mal… à son comble » qui entraîne « à grands pas vers une dissolution totale… » Avec lucidité il distingue des pères soumis à « l’impuissante autorité… ou la coupable faiblesse…[ obligée] de céder … et souvent même de conniver [aux]… désordres et à [l’] apostasie [de leurs enfants]. » Pour ensuite déplorer l’attitude d’autres « jeunes pères élevés dans la Révolution qui ne valent pas mieux que leurs fils élevés par Buonaparte! » Encore ici la condamnation cède le pas à une grande tristesse.

    Il me revient une maxime souvent entendue à l’école. « Il n’est pas nécessaire, nous disait-on, d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Je la retrouve dans les mots d’Eugène alors qu’il décide de passer à l’action. En effet, il écrit : « Dusse-je échouer dans la sainte entreprise d’opposer une digue à ce torrent d’iniquité, du moins je n’aurai pas à me reprocher de ne l’avoir pas tenté. »

    L’audace balaye toute hésitation devant une mission qui semble impossible. Et la tristesse qui se mue en volonté d’agir est bien digne d’un homme pour qui les demi-mesures n’existent pas. Agir, il faut agir ! Avec l’aide de Dieu ! Et de manière à déjouer l’ennemi en se servant de ses propres armes. C’est donc vers la jeunesse atteinte que vont aller les efforts « en lui inspirant de bonne heure l’amour de la vertu, le respect pour la religion, le goût pour la piété, l’horreur pour le vice ».

    Un ami me disait un jour des Oblats qu’ils étaient les spécialistes des missions difficiles. L’énorme difficulté d’annoncer Jésus Christ aujourd’hui ne peut certes pas être passée sous silence. Aussi bien pour la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée que pour tous les chrétiens, porter l’Évangile est loin d’être une sinécure. !

    Que faire sinon devenir toujours plus des « passionnés de Jésus Christ » et, à son exemple, nous faire attentifs aux besoins des hommes et des femmes d’aujourd’hui. C’est seulement lorsque notre agir viendra confirmer notre foi que la Bonne Nouvelle sera annoncée de façon crédible.

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