LES LIMITES : TRANSFORMER LES CITRONS EN CITRONNADE

La maladie et la perte de voix a rendu Eugène incapable de participer pleinement à la mission de Barjols et il n’eut plus d’autre choix que d’accepter et de tirer le meilleur parti de la situation :

Il faut prendre patience, puisque le bon Dieu le veut ainsi.

Lettre à Henri Tempier, le 10 novembre 1818, E.O. VI n.32

Henri Tempier, qui était demeuré à Aix et était son directeur spirituel, le connaissait bien et était capable de sympathiser avec lui et de lui donner un avis positif :

Malgré ce régime ce qui m’afflige néanmoins c’est de voir que vous vous inquiétez d’être presque simple spectateur sans pouvoir agir. Je sais qu’il n’y a rien de plus pénible.
Mais il faut une bonne fois vous faire une raison et puis regarder en cela la volonté de Dieu qui veut peut-être que vous fassiez par votre exemple ce que vous ne pouvez pas faire par vos paroles.
Vous pourrez prier davantage, être plus souvent devant le saint Sacrement, attirer sur vos enfants les grâces qui leur sont nécessaires et pour eux et pour les pécheurs qui s’adressent à eux.

Lettre de Henri Tempier à Eugène de Mazenod, le 11 novembre 1818,
E.O. II 2, n.11

 

« J’ai appris que les erreurs peuvent souvent être un aussi bon maître que le succès.»    Jack Welch

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1 réponse à LES LIMITES : TRANSFORMER LES CITRONS EN CITRONNADE

  1. Denyse Mostert dit :

    La maladie n’est pas chose neuve pour Eugène de Mazenod. En 1814, dans une lettre à son père, il fait mention de moments qui l’ont « conduit aux portes de la mort ». Aucune comparaison possible avec la fatigue de Barjols… mais s’habitue-t-on vraiment à des contretemps qui viennent bousculer tant de choses ? (*)

    De Barjols où le voici une fois de plus forcé au repos, rien de plus normal pour le Fondateur que de confier sa frustration à l’ami qui a toute sa confiance.

    L’amitié entre les deux hommes remonte à 1815 alors que le P. Tempier accepte avec enthousiasme de se joindre au petit groupe de missionnaires en train de se former à Aix. On peut considérer ce moment « non seulement comme les racines d’une longue et fructueuse amitié, mais aussi comme le fondement même de la communauté des Missionnaires de Provence et, après 1826, de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. » (**)

    De Barjols, Eugène écrit donc au P. Tempier. « Il faut prendre patience, puisque le bon Dieu le veut ainsi. »

    Quelques mots qui se veulent rassurants mais n’empêchent nullement son ami de ressentir toute la détresse qu’ils contiennent. « Je sais qu’il n’y a rien de plus pénible », répond-il. Pas question cependant de se maintenir dans un apitoiement stérile. Et l’ami conseiller continue résolument : « mais il faut une bonne fois vous faire une raison… »

    Probablement, après avoir médité cette entrée en matière, Eugène de Mazenod va-t-il être capable de voir vraiment en tout « cela la volonté de Dieu » et s’appliquer à ce que les difficiles moments de retrait qui lui sont imposés deviennent témoignage comme le lui recommande le P. Tempier. Nul doute non plus que le Fondateur va se trouver plus souvent « devant le saint Sacrement » et y prier pour ses « enfants… et pour les pécheurs qui s’adressent à eux. »

    Tout au cours de leur vie, Eugène et Henri Tempier seront l’un pour l’autre « l’ami fidèle [qui] n’a pas de prix, [et dont] on ne peut estimer la valeur ». (Ecclésiastique, 6:15). L’ami qui écoute, qui comprend et dont les avis conduisent toujours vers le chemin montant…

    L’ami qu’il nous semble parfois bien difficile de trouver… Celui que nous trouverions peut-être en déployant à notre tour des qualités d’écoute et d’authenticité semblables à celles d’Henri Tempier et d’Eugène de Mazenod…

    (*) Lettre à Charles Antoine de Mazenod, le 17 juin 1814, E.O. XV n. 126
    (**) http://omiworld.org/dictionary.asp?v=6&vol=1&let=T&ID=488

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