LA RÈGLE: METTRE EN MOTS UNE EXPÉRIENCE VÉCUE

Eugène passa treize jours à St-Laurent, rédigeant une Règle de 55 pages écrites à la main. Son premier biographe, Jeancard, le décrivait de façon poétique comme étant, à l’image de Moïse, « à faire l’escalade du Mont Sinaï pour recevoir les Commandements de Dieu. »

Ce n’était pas tout à fait le cas – bien que le processus d’écrire était sûrement effectué dans un esprit de prière et de discernement de la volonté de Dieu. C’est pourquoi il était en mesure de dire avec conviction aux Oblats, vers la fin de sa vie :

Je voudrais de mon côté, mes très chers fils, résumer mes conseils par cette seule recommandation: Lisez et méditez vos saintes Règles. Là se trouve le secret de votre perfection: elles embrassent tout ce qui doit vous conduire à Dieu.

Lettre circulaire n° 1, le 2 aout 1818, E.O. XII

Il est clair que la masse du travail avait été produite durant les années précédentes. C’était alors devenu l’occasion de mettre en mots l’esprit selon lequel il avait vécu durant les évènements des années précédentes.

En rédigeant la Règle des Missionnaires de Provence en 1818, Eugène marchait sur un terrain solide.

Il se fonda d’abord sur sa propre expérience de la formation solide qu’il avait reçue à St. Sulpice et de la façon dont il avait mis cela en pratique dans sa vie et son ministère de près de sept années depuis son ordination.

Son idéal et les règles de vie de la Congrégation de la Jeunesse avaient été essayés et testés et il apportait cette expérience avec lui.

À cela on ajoutait l’expérience de près de trois ans d’existence des Missionnaires de Provence et leur pratique de la vie commune et du ministère de la proclamation de la Parole de Dieu, par le biais des missions en Provence et du ministère à Aix.

C’est tout cela qu’Eugène apportait avec lui et exprimait dans la Règle. Par le biais de la Règle, il visait à communiquer ce qui l’imprégnait à agir et l’attitude qui caractérisait ce groupe de missionnaires. Par le moyen de la Règle comme guide et instrument de formation, il visait à communiquer l’esprit qui allait imprégner leur vie et leur ministère.

Aujourd’hui, la Constitution 163 invite les membres de la famille mazenodienne à continuer à être inspirés par l’esprit d’Eugène tel qu’il est enchâssé dans les Constitutions et Règles :

Les Constitutions et Règles proposent à chaque Oblat les façons de marcher sur les traces de Jésus Christ. Elles s’inspirent du charisme vécu par le Fondateur et ses premiers compagnons; elles ont aussi reçu l’approbation officielle de l’Église. Elles permettent ainsi à chacun d’évaluer la qualité de sa réponse à l’appel reçu, et de devenir un saint.
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1 réponse à LA RÈGLE: METTRE EN MOTS UNE EXPÉRIENCE VÉCUE

  1. Denyse Mostert dit :

    Immense responsabilité que de rédiger des Règles de Communauté ! Si Eugène de Mazenod se réfugie à Saint-Laurent-du-Verdon, c’est pour, un moment éloigné d’Aix et de ses chers missionnaires, les écrire en toute tranquillité après avoir revu une fois de plus l’action de Dieu dans sa vie.

    Les souvenirs abondent : Don Bartolo Zinelli, qui « l’introduit à la spiritualité de la Compagnie de Jésus », la famille Canizarro où on le considère « comme l’enfant de la maison », le retour tumultueux en France, le Vendredi Saint 1807, les années à St-Sulpice… et tant d’événements difficiles auxquels Eugène de Mazenod doit faire face depuis son ordination. (*) Au plan des réalisations concrètes, on peut citer la Congrégation de la Jeunesse et les presque trois ans d’existence des Missionnaires de Provence. En faut-il davantage à Eugène pour réaliser que l’Esprit Saint est avec eux ?

    L’idée peut effleurer que l’établissement des Règles d’une Congrégation en considération des événements de sa propre vie soit un brin narcissique…

    Il est certain qu’en dépit des difficultés parcourues un tel panorama n’a pas manqué de réconforter le Fondateur, que cette joie a été l’objet d’une action de grâce qui durera toute sa vie et qu’il se sent interpellé à établir les Règles qui permettront à ses compagnons une vie en Église cohérente et fructueuse.

    Pour celui qui croit, ‘ Tout homme est une Histoire sacrée ‘.

    Comme toute histoire, elle ne nous pénètrera que si elle est lue et relue à profusion. Quel que soit notre parcours, nous y reconnaîtrons quelque part l’œuvre divine. Comme une incitation à poursuivre la route avec Jésus Christ. Pour que d’autres à leur tour prennent conscience de leur réalité d’enfants de Dieu faits pour le bonheur.

    (*) Petite vie de Eugène de Mazenod – Cardinal Roger Etchegaray

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