LES COMBATS D’UNE JEUNE CONGREGATION RELIGIEUSE

Les raisons qu’Eugène donne pour garder Henri Tempier à Laus donne une bonne indication de la situation du groupe naissant des Missionnaires. Il y avait quelques membres avec de nombreuses qualités, mais ils étaient encore trop jeunes pour prendre trop de responsabilités.

Est-il surprenant, après cela, qu’ayant une maison assez éloignée, très essentielle pour nous à raison des circonstances et de la localité, vous soyez chargé de la régir? Cela n’a pas pu être autrement jusqu’à présent, et quoique le Seigneur ait fait croître sous nos ailes des sujets dont je m’enorgueillis, qu’ils méritent autant mon estime qu’ils ont captivé mon amour, ils sont trop jeunes encore, quelle que soit la considération dont ils jouissent déjà parmi nous, pour être placés à la tête d’une maison où résident nos novices.

Tempier avait également construit de bonnes relations avec le Diocèse de Digne, difficile et critique, et avec son vicaire général.

vous avez pris avec… Monseigneur une certaine aisance qui est le résultat de votre expérience et des réflexions que vous avez pu faire sur leur caractère, et aussi de la parfaite connaissance que vous avez des localités…
Toutes ces choses réunies vous font assez voir qu’il n’est pas possible, pour le moment, que je vous rappelle définitivement auprès de moi…

Lettre à Henri Tempier, 15 août 1822, EO VI n 86

 

«Une des plus belles qualités d’une véritable amitié est de comprendre et d’être compris». Sénèque

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1 réponse à LES COMBATS D’UNE JEUNE CONGREGATION RELIGIEUSE

  1. Denyse Mostert dit :

    Né en 1782, le Fondateur est de six ans l’aîné d’Henri Tempier qui va devenir son collaborateur le plus précieux.

    Ils ne sont pas des inconnus l’un pour l’autre puisque, en 1815, le jeune vicaire à la paroisse Saint-Césaire d’Arles accepte avec enthousiasme l’invitation d’Eugène de Mazenod de joindre une équipe de missionnaires qui vont s’efforcer de réveiller la foi affaiblie par la Révolution.

    Revenons à cette lettre du 15 août 1822 alors qu’il est impossible de donner suite à la demande du P. Tempier de s’en revenir à la Maison d’Aix. Un grand renoncement qu’Eugène éprouve le besoin d’expliquer clairement.

    À Notre-Dame-du-Laus, « le père de Mazenod s’était engagé à maintenir toujours au moins deux pères pour le service des paroissiens et des pèlerins. En réalité, il y eut presque toujours une vraie communauté d’au moins trois ou quatre pères et frères. Pendant l’été, quelques pères, en général des professeurs oblats du grand séminaire de Marseille, venaient s’y reposer et prêter main forte au moment des grands concours de pèlerins. (…) [Qui plus est], le Laus accueille les postulants et les novices de la Congrégation de juin 1820 à octobre 1822, en 1832-1833 et en 1835-1836. » (*)

    Les sujets d’élite ne manquent pas à la Maison d’Aix. Des prêtres qui méritent autant « l’estime » que « l’amour » du Fondateur. Cependant, ils « sont trop jeunes encore pour être placés à la tête d’une maison où résident [des] novices. » Aucune objection possible contre cet état de fait.

    Henri Tempier possède une « parfaite connaissance » des localités. On a parlé beaucoup de son « caractère froid et extrêmement réservé » , aux antipodes d’ailleurs de celui d’Eugène. Il apparaît comme celui qui sait écouter et mettre à profit ce qu’il voit et entend. On comprend qu’il ait acquis auprès des autorités une « aisance » très bénéfique pour la Société des Missionnaires de Provence et le bien de tous. (**)

    Et voilà. Les deux amis n’ont d’autre choix que de sacrifier leur besoin de se retrouver aux intérêts de la vocation embrassée ensemble. Ce qui d’ailleurs, loin d’entacher leur amitié, va faire d’eux un tandem inséparable au service de Dieu à travers ses pauvres.

    Un exemple à retenir lorsque la vie nous sépare de ceux que nous aimons. Je me rappelle ici une phrase chère à un de mes doctes professeurs de jadis qui disait : « La distance, si elle sépare les corps peut rapprocher les cœurs… » Pas toujours évident. Mais si tel est le cas, il reste juste à en être reconnaissant.

    (*)http://www.omiworld.org/dictionary.asp?v=6&vol=1&let=N&ID=369
    (**)http://www.omiworld.org/dictionary.asp?v=6&vol=1&let=T&ID=488

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