JE SUIS VOTRE FILS BIENAIMÉ

Eugène s’absenta de Marseille près de sept mois pour des raisons de santé. Il partit en voyage le 6 juillet pour la Suisse, sur les ordres exprès de ses médecins et à la demande du Fr Tempier. Cela lui permettait aussi d’aider sa sœur Nathalie. (REY p. 486).

La lettre suivante nous fait voir les liens d’affection et le sentiment de protection qu’avait Eugène pour sa famille.

Puisque vous ne pouvez pas venir, ma chère maman, et que je suis obligé de différer mon voyage à Aix, je vous écrirai deux mots pour vous témoigner le regret que j’éprouve de ne pas vous voir à l’époque où je m’étais flatté de vous embrasser.
Je suis venu passer deux fois 24 heures à St-Joseph, mon asile accoutumé lorsque je veux jouir d’un peu de tranquillité. Il n’y a pas moyen d’écrire seulement une lettre à Marseille. Mon projet est toujours de me rendre à Aix pour les élections, c’est à-dire le 22 de ce mois. Nous pourrons revenir ensemble pour nous disposer au voyage de Fribourg, que je n’entreprends qu’à cause de ma sœur, qui en a un véritable besoin. Cette femme est toujours plus angélique, il n’est pas possible d’être plus vertueuse, mais elle a bien besoin de faire quelque diversion à ses chagrins. Le voyage sera propre à cela.
Si elle n’avait pas tant de répugnance pour le lait, je compterais sur cette nourriture pour l’engraisser un peu; mais elle ne veut pas en essayer. Peut-être que le lait de Suisse la dégoûtera moins.
 Et vous, comment vous tirez-vous de vos bains? Il semble fait exprès qu’il ait fallu que vous fussiez dérangée, lorsque vous étiez bien décidée de les prendre comme il faut. Dieu veuille que les soins que vous avez dû donner à mon oncle (Éd. son cousin François Roze-Joannis), ne vous aient pas fatigués et fait perdre tout le fruit de ces eaux salutaires! J’espère que le malade va mieux, et je serai bien aise d’apprendre que vos douleurs se sont un peu calmées.
… Adieu, très chère et bonne maman. Je vous embrasse de tout mon cœur. Rappelez-moi au souvenir de mon oncle. Je salue mon frère et je suis votre très affectionné fils. Tout le monde se porte bien à l’évêché.
Eugène.
Lettre à sa mère, le 15 juin 1830, Archives générales OMI, Rome, AGR FB I-9

 

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1 réponse à JE SUIS VOTRE FILS BIENAIMÉ

  1. Denyse Mostert dit :

    1830. Année difficile qui a raison de la santé d’Eugène. Le P. Tempier veille au grain. À sa demande, les médecins prescrivent une longue convalescence . Il ne faut pas croire qu’Eugène va passer tout ce temps enfermé en lui-même. Congrégation, famille et ses amis occupent son esprit.

    Le 15 juin, la santé de sa sœur Ninette le préoccupe. Il écrit à à sa mère : « Mon projet est toujours de me rendre à Aix pour les élections, c’est à-dire le 22 de ce mois. Nous pourrons revenir ensemble pour nous disposer au voyage de Fribourg, que je n’entreprends qu’à cause de ma sœur, qui en a un véritable besoin… » Le souci d’Eugène s’étend également à Marie-Rose Joannis qui, souffrante elle aussi, a dû ajourner un traitement pour soigner le cousin François-Joannis. Tout ceci exprimé en des mots pleins de tendresse.

    À remarquer, la simplicité de cette lettre. Aucune phrase toute faite. Des mots de la plus grande et de la plus aimante sincérité. Les années qui ont passé n’ont pu émousser le sentiment d’appartenance d’Eugène à sa famille. Comme d’ailleurs sa fidélité à Dieu et à la France. Cela s’appelle de la persévérance !

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