À 24 ans, il commence une lente évolution spirituelle, et un Vendredi Saint, la grâce va changer sa vie:
J’ai donc cherché le bonheur hors de Dieu, et je n’ai trouvé hors de lui qu’affliction et chagrin.
Heureux, mille fois heureux qu’il ait, ce bon Père, malgré mon indignité, déployé sur moi toute la richesse de ses miséricordes…
Quelle plus glorieuse occupation que de n’agir en tout et pour tout que pour Dieu, que de l’aimer par-dessus tout, que de l’aimer d’autant plus qu’on l’a aimé trop tard.
Notes de retraite, décembre 1814, E.O. XV n.130
Pour Dieu, dit le psalmiste, « un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour ». Eugène n’a pas été pris par surprise. Année après année, une transformation se fait jour.
En 1804, il écrit à Charles Antoine de Mazenod : « …Je sens que je ne suis pas à ma place, et j’enrage de voir s’écouler mes plus belles années dans une oisive obscurité… » Et l’an d’après : « Faites un résumé de tout cela, et vous verrez qu’on finira à Aix par crever de plaisir. »
Peut-on penser un seul instant que la Providence va laisser s’étioler dans une existence vide de sens un jeune homme doué d’une telle nature ? C’est alors que la Croix du Vendredi-Saint viendra lui faire signe et qu’Eugène pourra s’écrier : «
J’ai donc cherché le bonheur hors de Dieu, et je n’ai trouvé hors de lui qu’affliction et chagrin. »
Une transformation complète s’opère dès lors ! La révélation va se concrétiser dans une action dont le jeune noble ne soupçonne pas encore toute l’étendue ! C’est alors l’incroyable décision de consacrer sa vie à « faire connaître et aimer Jésus Christ » à toutes les victimes de la Révolution si longtemps délaissées.
Ceci me rappelle le titre d’un film des années 50 :« Dieu a besoin des hommes ». Un moment j’ai pu me demander si une telle pensée relevait de l’orgueil le plus total… J’ai compris avec les années que le Dieu de Jésus Christ n’est qu’Amour, un amour bien réel pour lequel il nous demande d’être les témoins.