L’importante utilisation de temps et d’énergie d’Eugène, de 1813 à 1816, fut dans la Congrégation de la Jeunesse. In enregistrait fréquemment les événements dans le journal. Certains de ces événements nous donnent un bon aperçu des joies et des difficultés de ce ministère de la jeunesse.
Ce jourd’hui 26, tous ceux de MM. les congréganistes qui ont fait leur première communion, et qui n’avaient pas assisté à la belle cérémonie du 2 février de l’année passée, ont renouvelé leurs promesses de baptême et fait leur consécration à la sainte Vierge entre les mains de M. le Directeur.
Le tout s’est fait conformément aux règlements, avec solennité, et surtout avec tant de piété qu’un grand nombre versaient des larmes de bonheur. Dieu a répandu sensiblement sa grâce dans les cœurs bien disposés du plus grand nombre des congréganistes, qui ne se possédaient pas de joie et qui la témoignaient de la manière la plus expressive et dans les termes les plus touchants au sortir de la chapelle.
Ce jour était doublement précieux pour plusieurs qui avaient eu le bonheur de recevoir le matin le sacrement de confirmation, après s’y être préparés par des instructions journalières depuis quelques jours, et par un jour de retraite qu’ils passèrent en entier au Jardin de M. le Directeur.
Journal de la Congrégation de la Jeunesse, le 26 juin 1814, E.O. XVI
La Congrégation de la Jeunesse fut dédiée à Marie Immaculée et tous ceux qui en devinrent pleinement membres firent un acte de consécration à Marie Immaculée.
C’est encore un moment de ma jeunesse qu’éveillent en moi ces lignes d’Eugène de Mazenod.
Le 28 juin 1948, reste un jour mémorable dont je garde le souvenir le plus vif. Après de longues semaines de « catéchisme préparatoire », la « communion solennelle » des adolescents dans leur 12ième année était soulignée par une dévotion et une liesse générales aussi bien pour les communiants que pour les familles où avait lieu un grand banquet auquel parents et amis des alentours se pressaient allègrement.
À notre émotion de vivre ce grand jour, s’ajoutait la perspective toute proche de notre Confirmation. Alors, après le renouvellement de nos vœux de baptême, le soufflet très paternel de l’évêque faisait descendre en nous la force de l’Esprit Saint qui allait nous aider à vivre fidèlement notre nouveau statut de « soldats du Christ ».
La même joie et la même ferveur, on les retrouve dans le récit d’Eugène. Ce 26 juin 1814, des Congréganistes renouvellent leurs vœux de baptisés et se consacrent à Marie. Et il souligne que « ce jour était doublement précieux pour plusieurs qui avaient eu le bonheur de recevoir le matin le sacrement de confirmation, après s’y être préparés par des instructions journalières depuis quelques jours, et par un jour de retraite qu’ils passèrent en entier au Jardin de M. le Directeur. »
Pour M. Le Directeur, allégresse probablement décuplée par le retour d’une paix tellement attendue. Mais aussi joie quelque peu assombrie au souvenir des jeunes qui n’ont pu vivre cette apothéose.
En effet, quand Eugène mentionne « les cœurs bien disposés du plus grand nombre des Congréganistes », ne laisse-t-il pas deviner sa peine du départ de quelques-uns ?
Ainsi qu’une fervente prière pour ces jeunes qu’il a tant aimés?