LES PRISONNIERS: LE PRÉCEPTE DIVIN DOIT PASSER AVANT TOUTE CONSIDÉRATION HUMAINE

Le Père Courtès n’avait pas donné la communion à un prisonnier condamné à mort, et il subit la colère et la condamnation d’Eugène, pour avoir été faible face à un besoin pastoral.

Vous  avez fait une énorme faute en refusant la communion à Jouve. Cette circonstance m’a enlevé toute la joie que le récit de sa belle fin m’avait procurée.
Je vous croyais plus fidèle à mes doctrines qui sont celles de l’Église. Vous ne pouviez pas avoir oublié comment je me comportai lors de l’exécution de la Germaine. Tout récemment la Quotidienne et tant d’autres journaux vous ont appris ce que j’avais fait à Gap. Vous avez donc grandement failli et je dois vous dire grandement péché. Ne m’observez pas des usages que les Souverains Pontifes qualifient de barbares et qu’ils prescrivent de détruire partout où on les rencontre. Ces usages affreux étaient d’ailleurs abrogés dans votre district, soit par le précédent que j’avais établi par mon exemple, soit par la sanction solennelle qu’y avait donnée Mgr l’Archevêque de Bausset qui vint confirmer et donner la communion à tous les prévenus et à tous les condamnés qui se trouvaient dans les prisons à l’époque de la retraite que nous y donnâmes. En fût-il autrement, vous deviez faire votre devoir, sans vous mettre en peine des suites. Le précepte divin devait passer avant toute considération humaine. Eussiez-vous dû être interdit après, votre devoir, puisque vous étiez chargé de cette âme, était de lui faire remplir ce devoir dont aucune puissance ne pouvait le dispenser. Si l’autorité supérieure, qu’il était inutile de consulter dans cette circonstances, s’opposait à ce que les choses se passassent selon les règles, moi j’interposerais la mienne d’autorité pour vous défendre de continuer un ministère tronqué, irrégulier, inefficace, qui compromettrait votre conscience et la mienne.

Lettre à Hippolyte Courtès, le 11 octobre 1837, E.O. IX n. 648

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Une réponse à LES PRISONNIERS: LE PRÉCEPTE DIVIN DOIT PASSER AVANT TOUTE CONSIDÉRATION HUMAINE

  1. Mostert Denyse dit :

    Un condamné est parti vers la mort sans les secours spirituels promis. La joie d’Eugène vole en éclats. La lettre qu’il écrit le octobre 1837 au P. Courtès est un ouragan de reproches et de considérations qui ne laissent aucun doute sur la nature de sa fidélité à l’Église. « Mes doctrines… sont celles de l’Église » affirme-t-il.

    Dans « Le Dictionnaire oblates », Giuseppe Mammana écrit : « Si quelqu’un nous demandait de définir l’Oblat, nous n’hésiterions pas à répondre : l’Oblat est un homme d’Église. Dès le début, en effet, Eugène de Mazenod a établi un rapport entre la vocation oblate et l’Église ». (www.omiworld.org)

    Mais de quelle Église s’agit-il pour Eugène ? Celle de Jésus Christ toute de miséricorde, ou bien celle qui prône la stricte observance des règles de Souverains Pontifes détruisant sans vergogne « des usages » considérés par eux comme « barbares » ? Aucun doute là-dessus. Le « précepte divin [qui passe] avant toute considération humaine» est bien la clé de l’attachement indéfectible dont fait preuve saint Eugène. Et c’est bien là l’héritage qu’il a laissé aux Oblats de Marie Immaculée.

    Et nous quelle Église préférons-nous ? L’institution prestigieuse et triomphaliste d’il n’y a pas si longtemps ? Ou une assemblée d’êtres humains conscients de leurs faiblesses en même temps qu’ils mettent leur espérance dans une conversion toujours possible ?

    Allons-nous adopter l’intransigeance des « purs » pour qui aucun pardon n’est envisageable ? Allons-nous tout « laisser tomber », balayer de nos vies toute trace d’une foi qui a pourtant été d’un puissant secours pour beaucoup de nos ancêtres ?

    Ou bien encore, tout en déplorant les situations dénoncées, allons-nous revenir à un Évangile qui parle d’un homme de Galilée venu, non pas abolir la loi, mais la conduire à sa perfection ?

    Là, se retrouve la Miséricorde du Père ouvrant les bras à ses enfants repentants. Des enfants enfin revenus qu’il nous arrive d’être, chacun à notre tour.
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