« Parmi vous, la charité, la charité, la charité. » Ce souhait d’Eugène, sur son lit de mort, pour sa famille Oblate reflète l’insistance de toute sa vie selon laquelle “ La charité est le pivot sur lequel roule toute notre existence.”
A peu près 50 ans auparavant, nous le voyons insister sur le même esprit pour les membres de la congrégation des jeunes.
Art 22; Quoique le précepte de la charité pour le prochain s’étende à tous les hommes, il est un ordre de préférence que l’on peut, que l’on doit même garder dans cette vertu.
Art 23. Les liens qui unissent ensemble les membres de la Congrégation les rangent en première ligne dans cet ordre à l’égard les uns des autres.
Statuts, Chapitre XIII – Obligations spirituelles des congréganistes
Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. (1 Corinthiens 13,13)
« Aimez-vous l’un l’autre, mais ne faites pas de l’amour une entrave : Qu’il soit plutôt une mer mouvante entre les rivages de vos âmes. » Khalil Gibran
Tant de choses ont été dites et écrites sur l’amour qu’il semble inutile d’en rajouter. Tous sans exception, nous en avons besoin pour vivre. Son absence est à la source d’une multitude de drames humains. Tant de tragédies aussi sont nées d’une conception fausse de ce sentiment.
Curieusement ce matin, c’est à une victime de la Révolution française que je pense. « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » s’écriait Manon Roland, au moment de monter sur l’échafaud.
Et nous savons que l’une des dernières préoccupations d’Eugène de Mazenod a été « la charité ». D’autres paroles ultimes ont été prononcées à ce sujet. Qu’on se souvienne des recommandations de Jésus lors de la dernière Cène…
Quel est donc le lien qui fait de l’amour la préoccupation finale de ces trois êtres bien différents les uns des autres, sinon l’amour véritable ?
L’amour vrai n’est-il pas dans la charité porteuse de générosité, d’indulgence, de miséricorde ? N’est-il pas aussi dans la liberté qui nous permet d’aimer en demeurant fidèle à nous-mêmes tout en laissant aux autres leur autonomie?
L’amour vrai peut entraîner loin du chemin parsemé de fleurs de certaines fictions déconnectées de la réalité. L’amour vrai ne s’accommode d’aucun à-peu-près. Il peut dicter des choix difficiles, des renoncements douloureux, des options dérangeantes pour lesquelles nous aurons parfois à payer le prix. Oui, il est tout cela, pas facile à mettre en pratique…
Mais n’est-il pas davantage encore le grand vent intérieur qui nous pousse vers le large, le réconfort d’apporter notre quote-part dans ce monde où nous avons tous besoin les uns des autres ? Ne prend-il pas surtout son sens dans la fidélité à l’Évangile que nous nous efforçons de vivre ? Une fidélité qui s’appuie sur les paroles de Jésus : « Et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde». (Mt 28:20)